Introduction
Le Liban, pays au carrefour des enjeux géopolitiques du Moyen-Orient, connaît en 2025 une nouvelle phase de tensions autour de la question cruciale du désarmement des milices armées qui continuent de peser lourdement sur la stabilité politique et sécuritaire nationale. Dans un contexte régional marqué par des conflits prolongés, des ingérences étrangères et une crise économique profonde, la pression s’intensifie tant au sein de la société civile libanaise qu’au niveau international pour imposer un dénuement des groupes armés non étatiques, condition sine qua non pour la paix et la reconstruction du pays.
Histoire et rôle des milices libanaises
L’héritage du conflit civil libanais (1975-1990) laisse une empreinte profonde sur le système politique et sécuritaire du pays. Si certaines milices ont été intégrées dans l’armée nationale ou les forces de sécurité intérieure, d’autres, comme le Hezbollah chiite, restent lourdement armées, justifiant leur arsenal comme une force de dissuasion face aux menaces extérieures, notamment d’Israël.
Cette dualité contribue à un équilibre fragile, parfois surnommé « équilibre de la terreur », où le monopole étatique de la violence est contesté, compliquant la gouvernance et reproduisant des logiques de guerre froide régionale.
Facteurs accentuant la pression actuelle
- Crise économique sévère : Le Liban subit depuis plusieurs années un effondrement économique qui fragilise l’Etat et le secteur des services publics. La population réclame un retour à la sécurité et à la stabilité en lien avec la suppression des armes illégales.
- Mobilisations populaires : Le mouvement de protestation de 2019, toujours vif, met au cœur de ses revendications la souveraineté nationale, la fin de l’impunité et le désarmement des factions armées indépendantes.
- Pressions internationales : Les puissances occidentales, ainsi que certains acteurs régionaux, revendiquent un désarmement progressif, conditionnant un soutien politique et économique à ces avancées. Le Conseil de sécurité de l’ONU maintient des appels répétés à l’unification des forces armées libanaises.
- Contexte régional : Les conflits dans la région, notamment en Syrie et au Yémen, ainsi que la rivalité entre l’Iran et l’Arabie saoudite, influent lourdement sur la situation libanaise, car plusieurs milices disposent d’appuis et d’alliances extérieures.
Enjeux de la démarche de désarmement
Le désarmement implique la remise en cause du rôle politique et militaire de certaines milices, ce qui génère des résistances internes, notamment du Hezbollah, qui déclare que son arsenal est indispensable à la résistance contre Israël. La classe politique et de nombreux analystes soulignent que la question ne peut être isolée sans une réforme structurelle globale du système politique libanais.
Positions locales et défis de mise en œuvre
Si l’armée libanaise, institution la plus respectée du pays, soutient ouvertement l’idée d’un monopole exclusif de la force légitime, la fragmentation politique et sectaire résiste à la mise en œuvre concrète. Le dialogue national est souvent bloqué par des intérêts divergents, et toute tentative de désarmement unilatéral risquerait de déclencher une confrontation violente.
Certaines initiatives locales prônent une approche graduelle, combinant démobilisation volontaire et intégration dans des structures étatiques sous contrôle strict. Les organisations de la société civile travaillent à renforcer la confiance et la réconciliation entre communautés.
Impacts potentiels sur la stabilité et la reconstruction
Un désarmement réussi pourrait permettre au Liban de rétablir son autorité, d’améliorer la sécurité intérieure, et d’ouvrir la voie à une reprise économique via la levée des sanctions et le retour des investisseurs. Cela faciliterait aussi la mise en œuvre des réformes attendues par la communauté internationale.
À l’inverse, un échec prolongé expose le pays à un risque accru de désintégration politique et d’escalade des violences, dans un contexte où le fragilisme social est à son comble.
Perspectives
La résolution de la crise institutionnelle et sécuritaire libanaise passe nécessairement par un processus inclusif et un engagement international fort, capable d’accompagner les transitions nécessaires. La mise en œuvre d’un désarmement partiel, associé à des garanties politiques et un renforcement de l’armée nationale, pourrait être la clé d’une pacification durable.