L’Italie, souvent perçue comme un pays politiquement instable, connaît depuis 2023 une période marquée par un paradoxe : un gouvernement durable malgré des enjeux économiques et sociaux majeurs. L’année 2025 s’inscrit à la croisée des chemins avec l’annonce de profondes réformes fiscales et une instabilité politique sous-jacente qui menace la pérennité des réformes engagées.
Un gouvernement stable dans un pays réputé instable
La présidence de Giorgia Meloni, commencée en 2023, a surpris nombre d’observateurs en atteignant les mille jours de gouvernance sans véritable remaniement gouvernemental. Cette stabilité apparente s’explique par trois facteurs majeurs : une alliance stratégique solide au sein de la coalition de droite, un alignement clair avec les politiques internationales occidentales, notamment la fidélité à l’OTAN et l’Union européenne, et l’absence d’une opposition unie et crédible capable de prendre le relais.
Pourtant, cette stabilité est fragile, reposant sur un équilibre délicat qui pourrait se rompre face aux défis socio-économiques.
Les mesures fiscales structurantes
En décembre 2024, le Sénat italien a adopté un plan de réforme fiscale historique pour 2025, visant à alléger significativement la fiscalité des ménages et des entreprises. Le budget 2025 prévoit notamment une baisse de l’impôt sur le revenu (IRPEF) avec une fusion des tranches inférieures, une réduction de l’impôt sur les sociétés de 24% à 20%, sous réserve de réinvestissements et d’embauches.
Ces mesures sont destinées à soutenir le pouvoir d’achat des classes moyennes, à encourager l’investissement et la création d’emplois, dans un contexte de reprise économique mondiale et de pression inflationniste.
Redressement budgétaire et défis économiques
L’Italie a réussi à réduire son déficit public de façon spectaculaire, passant de plus de 7% du PIB en 2023 à environ 3,4% en 2024, avec des projections en baisse pour 2025. Cette bonne performance budgétaire est saluée par le Fonds monétaire international mais repose aussi sur une rigueur budgétaire marquée par des économies sur les dépenses publiques.
Toutefois, cette trajectoire nécessite un maintien strict des engagements, notamment dans un contexte de flambée des dépenses militaires et de gestion des flux migratoires.
Les tensions politiques et sociales en toile de fond
Malgré ces avancées économiques, des tensions sociales importantes traversent le pays. Les réformes fiscales, bien qu’orientées vers un allègement, suscitent des critiques, notamment de la part de syndicats et de partis d’opposition qui dénoncent une politique favorisant les plus aisés.
Par ailleurs, des réformes controversées sur l’immigration, la justice et les institutions divisent la coalition gouvernementale elle-même. Plusieurs ministres manifestent des oppositions internes, freinant la mise en œuvre rapide de certains chantiers.
Perspectives et risques à court terme
L’automne 2025 s’annonce crucial, avec plusieurs scrutins régionaux qui pourraient redistribuer les cartes politiques locales et peser sur l’agenda national. Par ailleurs, les tensions internationales, notamment la guerre commerciale initiée par l’administration Trump aux États-Unis, pourraient affecter l’économie italienne, très dépendante des exportations.
Enfin, la pression pour atteindre les objectifs financiers en matière d’augmentation des dépenses militaires pour respecter les engagements de l’OTAN représente un défi budgétaire majeur.
Conclusion : un pays à la croisée des chemins
L’Italie en 2025 est une nation en mutation, confrontée à une série de réformes profondes à un moment où sa stabilité politique est aussi rare que nécessaire. Le succès de ces réformes dépendra de la capacité du gouvernement à naviguer dans un paysage politique fragmenté et à équilibrer les exigences économiques, sociales et internationales.
Ce moment clé pourrait définir la trajectoire de l’Italie dans les décennies à venir, entre réformes ambitieuses et nécessité de préserver la cohésion nationale.