Hydrocolonialisme et résistances locales : les batailles pour l’eau en Afrique subsaharienne

Introduction :
L’eau, ressource stratégique en Afrique subsaharienne, est au cœur de conflits opposant multinationales, États et communautés locales. Ces tensions révèlent un « hydrocolonialisme » moderne, où la gestion de l’eau reproduit des logiques d’exploitation héritées de la colonisation.

Grands barrages et déplacements forcés :
Les méga-projets hydroélectriques soulèvent des contestations :

  • Barrage de la Renaissance (Éthiopie) : 20 000 personnes déplacées, tensions avec l’Égypte sur le partage du Nil.
  • Inga III (RDC) : Promesse d’électrification contrariée par des accusations de corruption et d’accaparement des terres.
  • Dépossession symbolique : Les Bobo du Burkina Faso perdent l’accès aux sites sacrés inondés par le barrage de Samandeni.

Accaparement des nappes phréatiques :
Les multinationales exploitent les eaux souterraines au détriment des populations :

  • Nestlé au Nigeria : Puisage intensif dans l’aquifère de Lagos, aggravant la pénurie pour 5 millions d’habitants.
  • Vittel au Maroc : Commercialisation d’eau minérale dans l’Atlas, malgré des sécheresses récurrentes.
  • Agriculture exportatrice : Les fermes horticoles kényanes assèchent les rivières pour alimenter les supermarchés européens.

Résistances et alternatives communautaires :
Face à ces pressions, des modèles locaux émergent :

  • *Water committees : En Ouganda, des comités villageois gèrent les forages grâce à des blockchains pour éviter la corruption.
  • Réhabilitation des savoirs traditionnels : Les foggara algériens et les khettara marocains, galeries drainantes ancestrales, sont remis en service.
  • Justice climatique : Le mouvement End Water Poverty (Afrique du Sud) intente des procès contre les pollueurs industriels.

Géopolitique de l’eau :
Les conflits transfrontaliers s’intensifient :

  • Bassin du Niger : Concurrence entre irrigation malienne et besoins énergétiques nigérians.
  • Aquifère des Grès de Nubie : Tensions libyennes, tchadiennes et soudanaises sur la plus grande réserve fossile d’eau douce au monde.
  • Diplomatie verte : La Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) tente d’harmoniser les politiques hydriques.

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