Ghana : Offensive sanitaire après la recrudescence de la dengue à Accra

Crise sanitaire inédite : la dengue frappe Accra

La capitale du Ghana, Accra, connaît en ce mois de juillet 2025 une flambée inédite de cas de dengue, poussant les autorités à déclarer l’état d’alerte sanitaire dans plusieurs quartiers densément peuplés. Ce virus, transmis par les moustiques Aedes et déjà endémique dans certaines zones tropicales du continent, gagne pour la première fois une ampleur alarmante au Ghana : en moins de deux semaines, plus de 2 600 cas ont été confirmés par le ministère de la Santé, parmi lesquels 45 cas graves nécessitant une hospitalisation en soins intensifs.

Les hôpitaux de la métropole, déjà éprouvés par une épidémie de paludisme précoce en début d’année, sont submergés. À l’hôpital Korle Bu, les équipes médicales opèrent à flux tendu malgré l’arrivée de médecins bénévoles et le renfort des ONG internationales. Les quartiers précaires – Nima, James Town, Madina – concentrent l’essentiel de la flambée : promiscuité, absence d’évacuation des eaux stagnantes et insalubrité créent un terrain idéal pour la prolifération des moustiques vecteurs.

Causes profondes et vulnérabilités structurelles

Plusieurs facteurs aggravent la situation. La saison des pluies, plus intense cette année, a favorisé la multiplication des sites larvaires dans les banlieues, alors que le dérèglement climatique rend l’environnement urbain plus propice à la circulation du virus. En outre, l’urbanisation galopante et le manque d’assainissement continuent de fragiliser le système sanitaire, déjà sous tension après deux années de flambées infectieuses ininterrompues.

Certains experts soulignent un retard dans la détection et le signalement des premiers cas. Le système national de surveillance épidémiologique a peiné à repérer l’introduction du virus dans plusieurs districts périphériques où l’accès aux soins reste limité. Des ONG locales déplorent aussi une sous-information des populations, anxieuses mais souvent ignorantes des gestes de prévention.

Réponse gouvernementale : vacciner, informer, assainir

Face à l’urgence, le gouvernement ghanéen, en partenariat avec l’Organisation mondiale de la santé, a lancé un plan d’action en trois volets :

  • Vaccination ciblée : Les premiers lots de vaccin contre la dengue, issus d’un programme pilote mené au Brésil et en Thaïlande, ont été acheminés vers les groupes à risque (enfants, personnes âgées, femmes enceintes) dans les zones les plus touchées. L’objectif affiché est d’immuniser au moins 200 000 personnes d’ici la fin du mois.
  • Assainissement urbain : une vaste campagne de nettoyage des marchés, caniveaux et ruelles a débuté, mobilisant la société civile et les services municipaux. Les véhicules de pulvérisation d’insecticides sillonnent désormais Accra quotidiennement.
  • Communication de crise : des spots radio, SMS et messages sur les réseaux sociaux informent les familles des symptômes à surveiller (fièvre soudaine, maux de tête, douleurs musculaires, éruptions cutanées) ainsi que des moyens de se protéger : moustiquaires, vêtements longs, destruction des eaux stagnantes.

Les défis de la prévention et de la mobilisation publique

Cependant, plusieurs obstacles persistent. Le vaccin contre la dengue, encore récent, présente une efficacité inégale selon la souche du virus présente à Accra, et les stocks restent limités. Les centres de santé ruraux peinent à assurer un suivi diagnostique à large échelle, et la réticence vaccinale croît dans certains milieux où de fausses rumeurs circulent.

L’OMS a envoyé une équipe d’experts pour appuyer la formation du personnel médical, établir un réseau de laboratoires mobiles et coordonner la recherche sur la circulation virale. Parallèlement, des experts locaux insistent sur la nécessité d’impliquer les chefs traditionnels et leaders communautaires pour renforcer l’adhésion populaire aux mesures sanitaires.

La solidarité africaine à l’épreuve

La crise au Ghana secoue toute la région. Les pays voisins – Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Togo – ont renforcé la vigilance aux frontières et annoncé le déploiement préventif de campagnes de sensibilisation contre la dengue. L’Union africaine, elle, propose un fonds exceptionnel pour soutenir la riposte sanitaire.

Les bailleurs internationaux (Banque africaine de développement, UNICEF, Médecins Sans Frontières) font parvenir du matériel de détection, de l’aide alimentaire et des équipements de protection. Le gouvernement a lancé un appel à la solidarité nationale et internationale, redoutant l’épuisement rapide des capacités hospitalières si la courbe épidémique ne s’infléchit pas.

Quelles leçons pour l’avenir ? La flambée de dengue à Accra met en lumière la fragilité persistante des systèmes urbains africains face aux nouveaux risques infectieux. Si une mobilisation massive permet d’endiguer le pic épidémique, les pouvoirs publics devront investir à long terme dans l’assainissement, la surveillance sanitaire et l’éducation collective pour éviter les rechutes et

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