Nairobi – Le Kenya vit ces dernières semaines une vague de contestation sans précédent menée par la jeunesse, incarnée par la Génération Z, qui bouleverse les équilibres politiques et sociaux du pays. L’affaire Boniface Kariuki, jeune vendeur tué par balle lors d’une manifestation, a cristallisé la colère et la détermination d’une génération qui refuse désormais de se taire face à l’injustice et à la brutalité policière.
Tout a commencé par une mobilisation contre la vie chère et le chômage, deux fléaux qui frappent durement la jeunesse urbaine kenyane. Les réseaux sociaux, véritables caisses de résonance de la contestation, ont permis d’organiser des rassemblements massifs dans les principales villes du pays. À Nairobi, Mombasa ou Kisumu, des milliers de jeunes sont descendus dans la rue pour réclamer plus d’opportunités, de justice sociale et de respect des droits humains.
Le drame de Boniface Kariuki, 22 ans, a marqué un tournant. Touché à la tête par une balle policière lors d’une manifestation pacifique, il a succombé à ses blessures après plusieurs jours de coma. Sa mort, largement relayée sur les réseaux, a provoqué une onde de choc nationale. Des veillées, des marches silencieuses et des hommages spontanés se sont multipliés, tandis que la famille de la victime a appelé à la justice et à la fin de l’impunité policière.
Face à la pression, les autorités ont d’abord tenté de minimiser l’affaire, avant d’annoncer l’ouverture d’une enquête. Mais la confiance est rompue : de nombreux jeunes dénoncent l’absence de réformes structurelles et la persistance des violences policières. Les ONG locales rappellent que des dizaines de cas similaires ont été recensés ces dernières années, sans que les responsables soient sanctionnés.
Au-delà du cas Boniface Kariuki, c’est toute une génération qui exprime son ras-le-bol. Les manifestants réclament un nouveau contrat social : accès à l’éducation, création d’emplois, lutte contre la corruption, égalité des chances. La Génération Z, mieux informée, connectée et déterminée, n’hésite plus à défier les autorités et à interpeller les leaders politiques.
Le gouvernement, pris de court, tente d’apaiser la situation par des promesses de dialogue et de réformes. Mais la jeunesse kenyane exige des actes, pas des mots. Plusieurs figures du mouvement, issues du monde associatif, de la musique ou de l’activisme digital, émergent comme de nouveaux leaders d’opinion, porteurs d’un discours inclusif et tourné vers l’avenir.
Ce mouvement, inédit par son ampleur et sa détermination, pourrait bien transformer durablement la scène politique kenyane. Il met en lumière la force du numérique comme outil de mobilisation et la capacité de la jeunesse africaine à s’organiser pour défendre ses droits. Le cas Boniface Kariuki restera sans doute comme un symbole du réveil citoyen au Kenya.