Gaza – Morts près d’un centre d’aide humanitaire, l’ONU exige une enquête indépendante, quelles suites pour la crise ?

La situation humanitaire à Gaza continue de se détériorer, alors que de nouveaux drames viennent alourdir un bilan déjà catastrophique. Le 2 juin 2025, plusieurs personnes ont trouvé la mort près d’un centre d’aide humanitaire dans la bande de Gaza, lors d’un incident qui a immédiatement suscité l’indignation internationale. Le chef de l’ONU, António Guterres, a appelé à l’ouverture d’une enquête « indépendante » pour faire toute la lumière sur les circonstances de ces décès, survenus dans un contexte de tensions extrêmes entre Israël et le Hamas.

Une tragédie de plus dans un territoire à bout de souffle. Selon des témoins et des sources médicales locales, l’incident s’est produit alors qu’une foule nombreuse attendait la distribution de vivres et de médicaments à proximité d’un centre géré par une ONG internationale, dans le nord de Gaza. Des tirs auraient éclaté, provoquant la panique et la fuite des civils. Le bilan provisoire fait état d’au moins 12 morts et de plusieurs dizaines de blessés, dont des femmes et des enfants. Les circonstances exactes restent floues, les versions divergeant selon les sources.

Les autorités israéliennes affirment que leurs forces n’ont pas ouvert le feu sur les civils et évoquent la possibilité d’une bousculade ou d’un échange de tirs avec des combattants du Hamas infiltrés dans la foule. Le Hamas, de son côté, accuse Israël d’avoir délibérément visé le centre d’aide, dans le but de « terroriser la population » et de « saboter l’action humanitaire ». Les ONG présentes sur place, quant à elles, appellent à la retenue et réclament un accès sécurisé pour porter assistance aux victimes.

L’appel de l’ONU à une enquête indépendante met en lumière la difficulté à établir les responsabilités dans un contexte où l’accès à l’information est limité et où la guerre de la communication fait rage. Depuis le début de la nouvelle escalade entre Israël et le Hamas, les organisations humanitaires alertent sur l’aggravation de la crise alimentaire, la pénurie de médicaments et l’effondrement des infrastructures de santé. Près de 80 % de la population de Gaza dépend désormais de l’aide internationale pour survivre, selon le Programme alimentaire mondial.

Les conséquences de cet incident sont multiples. D’abord, il accentue la pression sur Israël, déjà critiqué pour le blocus imposé à Gaza et pour les restrictions à l’entrée de l’aide humanitaire. Les chancelleries occidentales, tout en réaffirmant le droit d’Israël à se défendre, appellent à la protection des civils et au respect du droit international humanitaire. L’Union européenne a demandé la mise en place de « couloirs humanitaires sûrs » et la levée des obstacles à l’acheminement de l’aide.

Pour le Hamas, l’incident renforce la rhétorique de la résistance et la dénonciation de la « brutalité » israélienne. Le mouvement islamiste, qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007, accuse la communauté internationale de « complicité passive » et menace de reprendre les hostilités si la situation humanitaire ne s’améliore pas rapidement. Les analystes redoutent une nouvelle spirale de violence, alors que les négociations de cessez-le-feu menées par l’Égypte et le Qatar piétinent.

Sur le terrain, la population de Gaza paie un lourd tribut. Les familles endeuillées réclament justice, tandis que les survivants se pressent chaque jour devant les centres d’aide, dans l’espoir de recevoir un peu de nourriture ou de médicaments. Les écoles servent d’abris de fortune pour des milliers de déplacés, et les hôpitaux, débordés, manquent de tout. Les ONG tirent la sonnette d’alarme : sans une augmentation massive de l’aide et un accès sécurisé, le risque de famine et d’épidémies est réel.

La question de l’enquête indépendante réclamée par l’ONU reste en suspens. Israël se montre réticent à toute investigation internationale, arguant de sa capacité à enquêter lui-même sur les incidents impliquant son armée. Le Hamas, de son côté, refuse toute enquête qui ne tiendrait pas compte de ce qu’il considère comme les « crimes de guerre » commis par Israël. Les précédents montrent que les enquêtes internationales sur Gaza se heurtent souvent à des obstacles politiques et à l’absence de coopération des parties.

La communauté internationale se retrouve donc une nouvelle fois confrontée à l’impuissance. Les appels à la protection des civils, au respect du droit humanitaire et à la reprise des négociations se heurtent à la réalité d’un conflit enkysté, où chaque incident humanitaire risque de servir de prétexte à une nouvelle escalade. Les diplomates, conscients de l’urgence, tentent de relancer les discussions sur un cessez-le-feu durable, mais la méfiance mutuelle reste profonde.

Au-delà du drame immédiat, l’incident près du centre d’aide humanitaire de Gaza illustre la nécessité d’une solution politique globale au conflit israélo-palestinien. Tant que les causes structurelles – blocus, occupation, absence de perspectives politiques – ne seront pas traitées, la population de Gaza restera prise au piège d’une crise humanitaire sans fin.

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