Introduction
Le Gabon, pays d’Afrique centrale riche en ressources naturelles, traverse une période charnière de son histoire politique. Après le coup d’État d’août 2023 ayant renversé le président Ali Bongo Ondimba, le général Brice Oligui Nguema a pris la tête de la transition. Depuis, la question centrale demeure : les militaires tiendront-ils leur promesse de rendre le pouvoir aux civils à l’issue de la transition ? Ce dossier analyse les enjeux, les attentes de la société gabonaise, les signaux envoyés par la junte, et les perspectives pour la démocratie gabonaise.
I. Retour sur le coup d’État et la transition
1.1. Un coup d’État « libérateur » ?
Le 30 août 2023, au lendemain de la proclamation de la réélection contestée d’Ali Bongo, un groupe de militaires met fin à 56 ans de règne de la famille Bongo. Le général Brice Oligui Nguema, chef de la Garde républicaine, est désigné président de la transition. Il promet un retour à l’ordre constitutionnel, la lutte contre la corruption et l’organisation d’élections libres.
1.2. Les promesses de la junte
Dès sa prise de fonction, le général Oligui Nguema s’engage à respecter la feuille de route de la transition :
- Organisation d’un dialogue national inclusif
- Rédaction d’une nouvelle Constitution
- Réformes institutionnelles
- Élections libres et transparentes
- Retour des militaires dans les casernes
II. Les attentes de la société gabonaise
2.1. Un espoir de renouveau démocratique
Pour de nombreux Gabonais, la chute du régime Bongo est synonyme d’espoir. La société civile, les partis politiques et la jeunesse réclament des institutions fortes, une justice indépendante et une gouvernance transparente.
2.2. Les craintes d’une confiscation du pouvoir
Mais le scepticisme demeure. L’histoire récente de l’Afrique montre que les transitions militaires débouchent rarement sur un retour rapide des civils au pouvoir. Les exemples du Mali, du Burkina Faso ou du Tchad alimentent la méfiance. La société civile gabonaise reste vigilante et exige un calendrier clair.
III. Les signaux envoyés par la junte
3.1. Un dialogue national prometteur
En décembre 2024, la transition gabonaise a lancé un dialogue national inclusif, réunissant partis politiques, société civile, chefs religieux et représentants des régions. Les débats portent sur la réforme de la Constitution, la refonte du système électoral et la lutte contre la corruption.
3.2. Un calendrier électoral attendu
Le général Oligui Nguema a promis la tenue d’élections présidentielles et législatives d’ici fin 2025. Mais le calendrier précis reste flou. Certains opposants dénoncent des manœuvres pour prolonger la transition.
3.3. Les réformes engagées
Des mesures ont été prises pour améliorer la transparence : audit des finances publiques, lutte contre les détournements, ouverture du paysage médiatique. Mais la question du contrôle de l’armée sur l’administration demeure sensible.
IV. Les enjeux pour la démocratie gabonaise
4.1. Le risque d’un « pouvoir militaire permanent »
Le principal défi pour le Gabon est d’éviter que la transition ne se transforme en régime militaire durable. La communauté internationale, notamment l’Union africaine et la CEEAC, insiste sur le respect du calendrier et la limitation du rôle politique des militaires.
4.2. Le rôle de la société civile
La mobilisation de la société civile et des médias indépendants sera déterminante pour garantir la transparence de la transition et la crédibilité des futures élections.
4.3. Les attentes de la jeunesse
La jeunesse gabonaise, majoritaire dans la population, attend des réformes profondes : accès à l’emploi, éducation, santé, et lutte contre les inégalités.
V. Perspectives et scénarios
5.1. Un retour effectif des militaires dans les casernes ?
Le succès de la transition dépendra de la capacité du général Oligui Nguema à respecter ses engagements. Un calendrier électoral clair, des institutions indépendantes et une armée apolitique sont les clés d’un retour à l’ordre constitutionnel.
5.2. Les risques d’enlisement
En l’absence de garanties, le risque d’un enlisement de la transition et d’une confiscation du pouvoir par les militaires n’est pas à exclure. La vigilance de la société civile et la pression internationale seront décisives.
Conclusion
Le Gabon est à la croisée des chemins. La transition militaire peut être une opportunité historique pour refonder la démocratie, à condition que les militaires tiennent parole. Le retour des militaires dans les casernes sera le véritable test de la sincérité de la transition et de l’avenir démocratique du pays.