Éthiopie : La sécheresse met en péril la sécurité alimentaire, appel pressant à l’aide internationale

L’Éthiopie traverse actuellement l’une des pires crises alimentaires de la décennie, causée par une sécheresse prolongée qui affecte particulièrement les régions du sud et de l’est du pays. Selon le dernier rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), plus de 12 millions de personnes, principalement des enfants et des femmes enceintes, sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë, tandis que les réserves d’eau potable sont à leur niveau le plus bas depuis 2011.

Origine et ampleur de la crise

Le phénomène El Niño, aggravé par le changement climatique, entraîne une raréfaction des pluies et la destruction des pâturages, affectant gravement les moyens de subsistance des communautés pastorales et agricoles. Les éleveurs perdent leurs troupeaux par dizaines de milliers et les agriculteurs ne parviennent plus à semer ou récolter. La sécheresse compromet gravement la saison des cultures, entraînant une hausse spectaculaire des prix des denrées alimentaires de base comme le teff, le maïs et le sorgho.

Mobilisation humanitaire et limites du dispositif local

Si le gouvernement d’Addis-Abeba mobilise ses maigres ressources pour organiser l’acheminement d’aide, la situation sur le terrain reste critique. Les programmes d’alimentation scolaire sont suspendus dans plusieurs provinces et de nombreux centres de santé ruraux signalent une augmentation des cas de malnutrition aiguë sévère chez les moins de cinq ans. Les agences onusiennes, appuyées par quelques ONG internationales et des partenaires régionaux, ont lancé un appel urgent pour lever un fonds de plus de 1,2 milliard de dollars nécessaires à la réponse d’urgence.

Mais l’accès aux populations reste entravé par l’état des routes et, dans certaines régions, par des tensions communautaires ou des groupes armés locaux. Les déplacements forcés s’intensifient, notamment vers les grandes villes où l’afflux massif de familles en détresse risque de provoquer des situations de tensions supplémentaires et de nouvelles épidémies liées au manque d’eau potable et d’assainissement.

Stratégies de riposte et engagement international

Parmi les mesures d’urgence : distribution d’eau par camions-citernes, transfert monétaire d’urgence pour les familles sans ressources, relance de campagnes de vaccination pour anticiper les risques d’épidémies. Le gouvernement, conscient que l’agriculture familiale est un pilier du développement, annonce la création d’un fonds de soutien à la reconstitution des cheptels et la prise en charge gratuite des soins pour les enfants souffrant de malnutrition.

La communauté internationale, déjà sollicitée pour d’autres crises (notamment au Sahel), tardait à mobiliser les moyens nécessaires. Mais la gravité de la situation éthiopienne et le risque d’effondrement socio-économique font monter la pression sur les bailleurs multilatéraux. La Banque africaine de développement et l’Union européenne commencent à débloquer des premières enveloppes, mais insistent sur la nécessité d’une gestion transparente et ciblée de l’aide.

Perspectives et enjeux de résilience

Si la mobilisation s’accélère, experts et associations appellent à repenser l’aide pour inclure non seulement la gestion immédiate de la crise, mais aussi la prévention à long terme : irrigation intelligente, diversification des cultures, gestion communautaire de l’eau, accès au crédit pour les publics les plus vulnérables. Au-delà de l’urgence, il s’agit d’éviter une spirale de dépendance et d’aider l’Éthiopie à renforcer sa résilience face à des épisodes climatiques de plus en plus répétés.

La sécheresse actuelle est un rappel brutal de la fragilité des modèles agricoles africains et de la nécessité d’une solidarité panafricaine, tant dans l’aide d’urgence que dans la réflexion sur la sécurité alimentaire du continent

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