États-Unis/Bahreïn : signature d’un accord stratégique sur le nucléaire civil – Quelle place pour les modèles africains dans la transition énergétique mondiale ?

États-Unis et Bahreïn : vers un nouveau pacte nucléaire – Impacts et perspectives pour l’Afrique en quête de souveraineté énergétique

Un accord de coopération pilier pour la transition au Moyen-Orient

Le 16 juillet 2025, à Washington, les États-Unis et le royaume de Bahreïn ont paraphé un accord stratégique de coopération dans le secteur du nucléaire civil. Ce partenariat, qui inclut transfert de technologies, renforcement des normes de sûreté et cofinancement de nouvelles centrales, place Bahreïn à l’avant-garde de la diversification énergétique dans le Golfe, tout en consolidant l’emprise américaine sur les infrastructures critiques de la région.

L’administration américaine, par la voix du secrétaire d’État Marco Rubio, vante un « modèle de partenariat pour la paix », soulignant l’enjeu : garantir l’accès à l’énergie propre face à la volatilité des hydrocarbures et réduire la dépendance mondiale aux énergies fossiles.

Une place laissée aux nouveaux entrants… et à l’Afrique ?

Si l’accord vise d’abord le Moyen-Orient, il intéresse directement le continent africain :

  • Près d’une dizaine de pays d’Afrique subsaharienne (Afrique du Sud, Ghana, Kenya, Niger, Égypte, Maroc, Nigeria, Ouganda, Rwanda) intègrent désormais le nucléaire civil dans leur stratégie décennale pour électrifier économies et sociétés.
  • Les besoins sont immenses : une population jeune, une urbanisation galopante, des réseaux électriques obsolètes et une volonté politique affirmée d’accéder à une énergie stable, abondante et décarbonée.

Entre souveraineté énergétique et dépendance aux grandes puissances : l’équilibrisme africain

L’accord États-Unis/Bahreïn cristallise un vieux débat sur le continent : comment bénéficier de la technologie sans subir une nouvelle dépendance stratégique ? Les modèles varient : l’Afrique du Sud a une filière nationale, le Ghana s’appuie sur la coopération russe, le Maroc sur la France et la Chine, tandis que l’Égypte joue la diversification des partenaires.

Les défis : formation des élites scientifiques, financement massif, cadre réglementaire sûr, gestion des risques liés aux déchets radioactifs et sécurité des infrastructures, dans un contexte de montée de la cybercriminalité.

Transfert d’expertise et diplomatie parallèle : quels enjeux pour l’Afrique ?

L’intérêt de l’Afrique pour le nucléaire civil se traduit par une diplomatie active : forums multilatéraux, participation à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), instituts de formation créés au Maroc, au Rwanda, au Nigeria… Mais la compétition entre les États-Unis, la Russie, la Chine et la France, chacun proposant leur « paquet technologique », nécessite de solides capacités de négociation pour maximiser les retombées locales et protéger la souveraineté continentale.

La population africaine, entre espoir et craintes : consultation et dialogue nécessaires

Les opinions africaines, longtemps marquées par la peur des risques nucléaires (Tchernobyl, Fukushima), réclament une transparence totale sur les projets : sécurité, coûts, bénéfices réels, impacts sur l’environnement. Les ONG environnementales poussent pour des études d’impact participatives et un contrôle citoyen.

Parallèlement, la jeunesse africaine et nombre d’universitaires y voient un levier majeur pour sortir du « cercle vicieux » de l’insuffisance énergétique et stimuler innovation, emplois qualifiés et recherche locale.

Vers un leadership africain en énergie propre ?

Si l’Afrique saisit l’opportunité du nucléaire civil de façon intelligente et inclusive, elle pourrait se positionner, à l’horizon 2040, comme un pôle émergent dans la transition énergétique mondiale – capable de tirer parti des alliances internationales tout en développant ses propres centres d’excellence.

Conclusion : de Bahreïn à Bamako, le nucléaire civil au service du développement

L’accord États-Unis/Bahreïn, tout en redessinant la carte des énergies du Moyen-Orient, envoie aussi un message fort à l’Afrique : l’accès à la puissance énergétique de demain se joue dans des partenariats équilibrés, la montée en compétence et la capacité à penser la souveraineté technologique.

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