Entre ambitions globales, défis intérieurs et nouveaux équilibres avec l’Afrique

Introduction

En 2025, la Chine s’impose plus que jamais comme un acteur central de la scène internationale. Deuxième puissance économique mondiale, leader technologique, investisseur majeur en Afrique et en Asie, la Chine façonne l’ordre global du XXIᵉ siècle. Mais derrière la façade de puissance, le pays doit relever d’immenses défis internes : ralentissement de la croissance, vieillissement démographique, tensions sociales, transition écologique et pressions géopolitiques. Comment la Chine articule-t-elle ses ambitions globales et ses fragilités intérieures ? Quelles sont les conséquences pour l’Afrique et le monde ? Analyse approfondie d’une année charnière.

I. La Chine, superpuissance en mutation

Croissance économique : entre résilience et ralentissement

En 2025, la Chine affiche une croissance de 4,8 %, en léger recul par rapport à la décennie précédente. L’économie chinoise, longtemps portée par l’exportation et l’investissement massif dans les infrastructures, s’oriente désormais vers la consommation intérieure, l’innovation et la montée en gamme industrielle. Les secteurs de la tech, des véhicules électriques, de l’intelligence artificielle et des énergies renouvelables sont les nouveaux moteurs de la croissance.

Le gouvernement central, sous la direction de Xi Jinping, mise sur la « double circulation » : stimuler la demande intérieure tout en maintenant la Chine comme atelier du monde. Mais la transition est délicate : la dette des collectivités locales, la fragilité du secteur immobilier (Evergrande, Country Garden), la pression sur les PME et la concurrence internationale freinent l’élan.

Vieillissement démographique et tensions sociales

Pour la première fois, la population chinoise a commencé à diminuer en 2023. Le vieillissement rapide, la baisse du taux de natalité et l’urbanisation accélérée posent des défis majeurs : pression sur les retraites, pénurie de main-d’œuvre qualifiée, inégalités régionales. Les jeunes générations, plus éduquées et connectées, expriment des attentes nouvelles en matière de libertés, de qualité de vie et de participation politique.

Les autorités multiplient les réformes pour encourager la natalité (allocations, congés parentaux, soutien au logement), améliorer la protection sociale et lutter contre la précarité urbaine. Mais le contrôle politique reste strict, avec une surveillance numérique accrue et une répression des mouvements contestataires.

Transition écologique : la Chine à la croisée des chemins

Premier émetteur mondial de CO2, la Chine s’est engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici 2060. Les investissements dans le solaire, l’éolien, les batteries et la mobilité électrique sont massifs, faisant du pays un leader de la transition énergétique. Mais le charbon reste une source majeure d’électricité, et la pollution de l’air, de l’eau et des sols demeure un défi sanitaire et social.

Les autorités locales expérimentent des « villes vertes », des quotas carbone et des politiques de reforestation. La Chine exporte aussi son modèle de développement durable à travers l’Initiative la Ceinture et la Route (BRI), qui finance des infrastructures vertes en Asie, en Afrique et en Europe.

II. Ambitions globales et rivalités géopolitiques

Leadership mondial et diplomatie active

La Chine multiplie les initiatives diplomatiques : participation active au G20, aux BRICS, à l’Organisation de coopération de Shanghai, création de la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB), médiation dans les conflits régionaux (Afghanistan, Moyen-Orient, Afrique). Pékin promeut un nouvel ordre international « multipolaire », fondé sur la souveraineté, la non-ingérence et la coopération Sud-Sud.

La diplomatie chinoise mise sur le soft power (instituts Confucius, médias internationaux, coopération culturelle) et sur l’aide au développement, notamment en Afrique et en Asie du Sud-Est. Mais la montée des tensions avec les États-Unis, le Japon, l’Inde et l’Union européenne complique la tâche : guerre commerciale, rivalité technologique, tensions en mer de Chine méridionale et autour de Taïwan.

Sécurité et modernisation militaire

La Chine investit massivement dans la modernisation de son armée : marine de haute mer, cyberdéfense, missiles hypersoniques, spatial. Les exercices militaires autour de Taïwan, les patrouilles en mer de Chine méridionale et les bases à l’étranger (Djibouti) témoignent de la volonté de Pékin d’affirmer sa puissance.

Mais la diplomatie chinoise se veut rassurante : Pékin insiste sur son attachement à la paix, au développement et à la résolution pacifique des différends. La question de Taïwan reste toutefois un point de crispation majeur, avec des risques d’escalade régionale.

III. La Chine et l’Afrique : un partenariat stratégique en pleine évolution

Investissements, commerce et infrastructures

La Chine est le premier partenaire commercial de l’Afrique, avec des échanges dépassant 250 milliards de dollars en 2024. Les investissements chinois couvrent l’énergie, les mines, les infrastructures (routes, ports, chemins de fer), les télécoms et l’agriculture. La BRI finance des projets majeurs du Caire à Johannesburg, en passant par Nairobi, Lagos et Addis-Abeba.

Les entreprises chinoises, publiques et privées, créent des emplois, transfèrent des technologies et contribuent à la modernisation des économies africaines. Mais les critiques persistent : endettement, dépendance, impact environnemental, manque de transparence et concurrence avec les entreprises locales.

Coopération technologique et numérique

La Chine exporte ses technologies numériques en Afrique : réseaux 5G, surveillance intelligente, e-gouvernement, fintech, e-commerce. Des partenariats sont noués dans l’intelligence artificielle, la cybersécurité, la formation professionnelle et l’innovation.

Les universités africaines et chinoises multiplient les échanges, tandis que des milliers d’étudiants africains poursuivent leurs études à Pékin, Shanghai ou Shenzhen.

Soft power et diplomatie culturelle

La Chine investit dans les médias, la culture, l’éducation et la santé en Afrique. Les instituts Confucius, les bourses d’études, les échanges artistiques et sportifs renforcent l’influence chinoise. Pékin met en avant une coopération « gagnant-gagnant », fondée sur le respect mutuel et le développement partagé.

IV. Défis, critiques et perspectives

Contestations et ajustements

Face aux critiques sur la dette, l’environnement ou la gouvernance, la Chine ajuste sa stratégie : restructuration de dettes, financement de projets verts, dialogue avec la société civile africaine. Pékin cherche à rassurer ses partenaires sur sa volonté de contribuer au développement durable et à la souveraineté africaine.

Vers un nouvel équilibre global ?

La montée en puissance de la Chine redéfinit l’équilibre mondial. L’Afrique, en diversifiant ses partenariats, peut tirer parti de la rivalité sino-occidentale pour défendre ses intérêts, attirer des investissements et accélérer sa transformation. Mais elle doit aussi renforcer sa gouvernance, sa transparence et sa capacité de négociation pour éviter les pièges de la dépendance.

Conclusion

En 2025, la Chine est à la fois une puissance incontournable et un pays en transition, confronté à des défis internes majeurs. Son partenariat avec l’Afrique, fait d’opportunités et de tensions, façonne l’avenir du continent et du monde. La capacité de la Chine à concilier ambitions globales, réformes internes et coopération équitable sera déterminante pour l’équilibre du XXIᵉ siècle.

Related posts

Cameroun : La société civile dénonce la torture dans les locaux de police, l’impunité en question

Le point sur les attaques ciblant plusieurs établissements pénitentiaires en France

Exportations africaines : la Chine, nouvel eldorado ou piège à dettes ?