La transition énergétique en Afrique représente un enjeu mondial, combinant urgence climatique et impératifs de développement socio-économique. Alors que 567 millions de personnes en Afrique subsaharienne n’ont toujours pas accès à l’électricité, le continent dispose d’un potentiel exceptionnel en énergies renouvelables pour répondre à ses besoins tout en évitant les dépendances aux combustibles fossiles. Cet article analyse les stratégies et les défis de cette transition, entre ambitions politiques, innovations technologiques et coopération internationale.
Potentiel énergétique : Un gisement renouvelable sous-exploité
L’Afrique possède des ressources renouvelables colossales :
- Énergie solaire : Un ensoleillement annuel moyen de 2 000 kWh/m², idéal pour le déploiement de centrales photovoltaïques.
- Énergie éolienne : Un potentiel de 59 GW, notamment en Afrique du Sud, au Maroc et en Égypte.
- Hydroélectricité : Le Congo pourrait à lui seul fournir 40 GW via le projet Grand Inga.
Selon l’IRENA, le potentiel total des énergies renouvelables en Afrique atteint 2,4 millions de TWh/an, soit 50 fois la demande mondiale prévue en 205049. Pourtant, moins de 10 % de ce potentiel est exploité, en raison de barrières financières, institutionnelles et infrastructurelles.
Stratégies clés : Réseaux intégrés et hydrogène vert
Le Programme de transition énergétique africaine (AFREC) identifie sept axes prioritaires1 :
- Développement d’un réseau électrique continental : Réduire les coûts de production et améliorer la sécurité énergétique via des interconnexions régionales.
- Décarbonation accélérée : Abandon progressif du charbon et du pétrole, priorité aux énergies renouvelables.
- Hydrogène vert : Positionner l’Afrique comme exportateur mondial grâce à son potentiel solaire et éolien9.
La Déclaration de Nairobi (2023) fixe un objectif ambitieux : multiplier par six la capacité renouvelable installée, passant de 51 GW à 300 GW d’ici 20304.
Financement et coopération : Rôle des institutions internationales
Le financement reste un défi majeur. Des mécanismes innovants émergent :
- Fonds pour l’énergie durable en Afrique (SEFA) : Géré par la Banque africaine de développement, il mobilise des fonds catalytiques pour des projets renouvelables et d’efficacité énergétique2.
- Engagements de l’AFD : 1 milliard d’euros d’ici 2030 pour l’électrification en Afrique subsaharienne68.
- Partenariats public-privé : Nexans et d’autres acteurs privés investissent dans des projets d’électrification durable7.
Obstacles persistants : Gouvernance et dépendance aux fossiles
Malgré les progrès, des freins subsistent :
- Dépendance aux combustibles fossiles : Les gazoducs et centrales à gaz restent prioritaires dans certains pays, risquant de créer des « actifs échoués »1.
- Défis institutionnels : Corruption, législations inadaptées et manque de coordination entre États3.
- Accès inégal : Les zones rurales et périurbaines restent largement exclues des réseaux électriques5.
Perspectives : Vers une Afrique leader de la transition
Pour réussir sa transition énergétique, l’Afrique doit :
- Harmoniser les politiques régionales : Aligner les stratégies nationales avec l’Agenda 2063 de l’UA et les ODD9.
- Investir dans la formation : Développer des compétences locales en ingénierie et gestion de projets renouvelables.
- Optimiser les modèles économiques : Favoriser les mini-réseaux et solutions hors réseau pour les zones isolées7.
En conclusion, la transition énergétique en Afrique est à la fois une nécessité et une opportunité historique. En combinant innovations technologiques, financements ciblés et coopération régionale, le continent peut devenir un acteur clé de l’économie verte mondiale, tout en garantissant l’accès universel à une énergie propre et abordable.