Introduction
Un projet controversé autour du canal du Nil en Égypte relance les tensions historiques entre pays riverains, notamment avec l’Éthiopie et le Soudan. Alors que Le Caire prépare une extension stratégique du canal, susceptible d’impacter le partage des eaux du Nil, des inquiétudes grandissent quant aux conséquences politiques et environnementales potentielles dans la région.
Contexte géopolitique sensible
Le Nil est la principale source d’eau douce pour neuf pays d’Afrique de l’Est et du Nord, avec un rôle vital en Égypte, où près de 90% de la population dépend de son cours pour l’agriculture et la consommation. L’Éthiopie, en amont, a lancé depuis plusieurs années le barrage de la Renaissance, qui modifie le flux hydrique et suscite en Égypte un sentiment de menace existentiel. L’extension récente du canal, prévue pour augmenter la capacité commerciale du pays, est vue par certains comme une manœuvre politique pour asseoir un contrôle renforcé sur la région.
Les enjeux techniques du projet
Le projet d’extension vise à doubler la longueur navigable et faciliter le passage de cargos plus volumineux, avec la création de zones industrielles spécialisées le long du nouveau tracé. Si cette initiative peut renforcer l’économie égyptienne et stimuler le commerce, elle pourrait entraver l’équilibre fragile des eaux partagées.
Les experts environnementaux alertent sur les risques d’érosion des berges, de pollution des eaux et d’aggravation de la raréfaction de la ressource dans un contexte déjà marqué par des sécheresses récurrentes liées au changement climatique.
Réactions diplomatiques
Le Soudan appelle au dialogue et à la médiation internationale pour éviter un bras de fer. De son côté, l’Éthiopie accuse l’Égypte de chercher à « nationaliser » le Nil à son seul profit et menace de renforcer ses propres infrastructures pour sécuriser ses besoins en eau.
L’Union africaine et l’ONU ont proposé un cadre de négociation, mais les parties restent campées sur leurs positions, faisant craindre une escalade pouvant déboucher sur des conflits.
Témoignages et opinions locales
Côté égyptien, les populations riveraines expriment leur crainte d’une pénurie d’eau qui pourrait affecter gravement l’agriculture et la vie quotidienne. « Le Nil, c’est notre héritage, il ne peut être négocié sans garanties solides », rappelle Amal Hassan, agricultrice du delta.
Du côté éthiopien, le barrage est considéré comme un symbole de développement et de souveraineté nationale, avec des milliers d’emplois créés et une promesse d’électrification pour plusieurs régions rurales.
Perspectives et risques
Le canal du Nil reste au cœur d’une problématique complexe mêlant développement économique, enjeux environnementaux et rivalités géopolitiques. La capacité à trouver une solution consensuelle déterminera non seulement la stabilité régionale, mais aussi la survie économique de millions de personnes dépendantes de ce fleuve. Solo ou coopération : l’Afrique de l’Est est à un carrefour stratégique.