Introduction
L’Égypte et l’Arabie Saoudite, deux poids lourds du monde arabe, multiplient depuis quelques années les initiatives de rapprochement et de coopération stratégique. Au-delà de leurs intérêts bilatéraux, ces deux pays cherchent à bâtir un axe Afrique-Asie, capable de peser sur les grands équilibres régionaux et mondiaux. Quels sont les ressorts, les enjeux et les perspectives de ce partenariat ?
1. Un rapprochement historique et géopolitique
L’Égypte, porte de l’Afrique et carrefour du monde arabe, partage avec l’Arabie Saoudite des liens culturels, religieux et économiques anciens.
Depuis la décennie 2010, la convergence s’est accélérée face aux défis communs : instabilité régionale, terrorisme, enjeux énergétiques, rivalités avec l’Iran ou la Turquie.
2. Coopération économique et investissements croisés
Les investissements saoudiens en Égypte se sont multipliés : tourisme, immobilier, agriculture, énergie. Le Caire bénéficie du soutien financier de Riyad pour ses grands projets (Nouvelle Capitale, Suez, infrastructures).
En retour, l’Égypte offre à l’Arabie une porte d’entrée vers l’Afrique subsaharienne et une expertise humaine et logistique précieuse.
3. Sécurité et défense : une alliance pragmatique
Les deux pays coopèrent étroitement sur le plan sécuritaire : lutte antiterroriste, coordination militaire, exercices conjoints, soutien diplomatique dans les crises régionales (Libye, Yémen, Soudan).
Leur alliance vise à contenir l’influence de l’Iran, à stabiliser la mer Rouge et à sécuriser les routes énergétiques.
4. Un axe Afrique-Asie en construction
Au-delà de la relation bilatérale, l’Égypte et l’Arabie Saoudite cherchent à fédérer d’autres pays africains et asiatiques autour de projets communs :
- Forums économiques Afrique-Asie,
- Coopération Sud-Sud,
- Investissements dans les infrastructures de transport et d’énergie reliant les deux continents.
5. Enjeux et limites
Cet axe suscite l’intérêt de nombreux partenaires, mais il se heurte à plusieurs défis :
- Rivalités géopolitiques (Iran, Turquie, Émirats…),
- Divergences sur certains dossiers africains (Éthiopie, Nil, Soudan),
- Pressions des grandes puissances (États-Unis, Chine, Russie).
6. Perspectives d’avenir
Si l’axe Égypte-Arabie Saoudite parvient à s’élargir et à s’institutionnaliser, il pourrait devenir un moteur de développement, de stabilité et d’intégration entre l’Afrique et l’Asie.
Les grands projets d’infrastructures, les partenariats énergétiques et la diplomatie économique sont les leviers les plus prometteurs.
7. Conclusion
L’Égypte et l’Arabie Saoudite ont l’ambition de bâtir un nouveau pont entre l’Afrique et l’Asie. Leur coopération, si elle s’inscrit dans la durée et l’inclusion, pourrait redessiner la carte des relations Sud-Sud et offrir de nouvelles opportunités au continent africain.