Introduction
La pandémie de Covid-19 a bouleversé l’économie mondiale, et l’Afrique n’a pas été épargnée. L’un des héritages les plus marquants de cette crise sanitaire reste la montée en flèche de la dette publique sur le continent. Face à la nécessité de financer les mesures d’urgence sanitaire et de relancer l’économie, de nombreux pays africains ont vu leur endettement s’accroître de manière spectaculaire. Aujourd’hui, la question de la restructuration de la dette et de l’accès à des financements durables est au cœur des débats économiques et politiques.
Un endettement en forte hausse
Avant même la pandémie, plusieurs pays africains étaient déjà confrontés à une hausse de leur dette publique, souvent liée à des investissements massifs dans les infrastructures ou à la volatilité des prix des matières premières. Avec la crise du Covid-19, la situation s’est aggravée : selon la Banque africaine de développement, la dette publique moyenne du continent a dépassé 70 % du PIB en 2022, contre 60 % avant la pandémie.
Cette situation fragilise la capacité des États à financer leurs politiques publiques, à investir dans l’éducation, la santé ou l’emploi, et à répondre aux attentes croissantes de leur population.
Les réponses internationales : moratoires et initiatives de restructuration
Face à l’urgence, la communauté internationale a mis en place plusieurs mécanismes pour soulager la pression sur les finances publiques africaines. Le G20 a lancé l’Initiative de suspension du service de la dette (ISSD), qui a permis à de nombreux pays africains de reporter le paiement de leur dette bilatérale. Par ailleurs, des discussions ont été engagées avec des créanciers privés et multilatéraux pour envisager des restructurations plus profondes.
Cependant, ces mesures restent insuffisantes. Beaucoup de pays africains continuent de payer des intérêts élevés sur leur dette, et la part des créanciers privés, souvent moins enclins à la négociation, ne cesse d’augmenter.
Les défis de la restructuration
La restructuration de la dette africaine se heurte à plusieurs obstacles. D’abord, la diversité des créanciers (Chine, institutions multilatérales, marchés financiers internationaux) complique la coordination des négociations. Ensuite, la crainte de voir leur note de crédit dégradée freine certains États à demander des restructurations, de peur de perdre l’accès aux marchés internationaux.
Enfin, la transparence des contrats de dette et la gestion efficace des ressources restent des défis majeurs pour de nombreux gouvernements.
Vers des financements plus durables
Pour sortir de l’impasse, l’Afrique doit repenser sa stratégie de financement. Les institutions financières internationales, comme la Banque mondiale ou le FMI, encouragent désormais le recours à des financements durables, adossés à des projets à fort impact social et environnemental. Les obligations vertes, les prêts concessionnels et les partenariats public-privé sont autant de pistes à explorer.
Par ailleurs, la mobilisation des ressources domestiques (impôts, lutte contre l’évasion fiscale) et le développement de marchés financiers locaux sont essentiels pour réduire la dépendance aux financements extérieurs.
L’enjeu de la croissance inclusive
Au-delà de la question de la dette, l’Afrique doit impérativement renouer avec une croissance inclusive et durable. Cela passe par des investissements dans l’éducation, la santé, l’innovation et les infrastructures, mais aussi par une meilleure gouvernance et une lutte accrue contre la corruption.
Conclusion
La gestion de la dette post-Covid sera l’un des grands défis économiques de l’Afrique dans les années à venir. Si la communauté internationale doit continuer à soutenir les efforts de restructuration, il appartient aussi aux États africains de renforcer leur gouvernance, d’innover dans leurs modes de financement et de privilégier des investissements porteurs de développement durable. La sortie de crise sera exigeante, mais elle peut aussi être l’occasion de bâtir une économie africaine plus résiliente et souveraine.