La cybercriminalité n’est plus un phénomène lointain pour l’Afrique. En mai 2025, Europol a frappé un grand coup en annonçant l’arrestation de vingt cybercriminels et la mise hors ligne de 300 serveurs utilisés pour propager des logiciels malveillants à travers le monde. Si cette opération a été saluée comme un succès, elle révèle aussi à quel point le continent africain est désormais exposé à ces menaces globales. Les attaques informatiques se multiplient, touchant aussi bien les administrations publiques que les entreprises privées, les banques ou encore les particuliers.
Un continent de plus en plus connecté, mais vulnérable
Avec près de 500 millions d’internautes, l’Afrique connaît une croissance exponentielle de ses usages numériques. Cette transformation rapide n’a pas toujours été accompagnée par des politiques de cybersécurité adaptées. De nombreux États manquent de moyens techniques, de cadres juridiques et de ressources humaines qualifiées pour faire face à la sophistication croissante des attaques. Les ransomwares, les arnaques au phishing, le vol de données et les attaques contre les infrastructures critiques se multiplient, avec des conséquences parfois dramatiques pour l’économie et la confiance des usagers.
Des attaques qui visent tous les secteurs
En 2024, plusieurs banques nigérianes ont été victimes de cyberattaques massives, paralysant temporairement leurs services de paiement. Au Kenya, des hôpitaux ont vu leurs systèmes informatiques bloqués par des rançongiciels, mettant en danger la prise en charge des patients. Les administrations publiques, souvent peu préparées, sont aussi des cibles privilégiées : piratage de bases de données, détournement de fonds publics, manipulation d’informations stratégiques. Les petites entreprises et les particuliers ne sont pas épargnés, notamment via les escroqueries en ligne et les faux investissements.
Pourquoi l’Afrique attire-t-elle les hackers ?
Plusieurs facteurs expliquent cette exposition : la faiblesse des dispositifs de sécurité, la généralisation du mobile money sans protection suffisante, la méconnaissance des risques numériques par la population, et l’absence de coopération internationale efficace. Pour les cybercriminels, l’Afrique est un terrain d’expérimentation où il est facile de tester de nouveaux outils ou de recycler des techniques déjà détectées ailleurs.
Les réponses émergentes
Face à cette menace, les États africains commencent à réagir. Plusieurs pays, comme le Maroc, le Sénégal ou l’Afrique du Sud, ont adopté des stratégies nationales de cybersécurité et créé des agences dédiées. Des partenariats avec Interpol, Europol ou des entreprises privées se multiplient pour renforcer la surveillance, la formation et la sensibilisation. Le secteur privé investit dans la protection des données et la sécurisation des transactions, tandis que la société civile lance des campagnes d’éducation numérique.

La nécessité d’une coopération régionale
La cybercriminalité ne connaît pas de frontières. Pour être efficace, la riposte doit être coordonnée à l’échelle continentale. La Convention de l’Union africaine sur la cybersécurité et la protection des données personnelles, dite Convention de Malabo, adoptée en 2014, peine encore à être ratifiée et appliquée par tous les pays membres. Pourtant, seule une coopération régionale permettra de mutualiser les ressources, d’échanger les informations et de mener des opérations conjointes contre les réseaux criminels.
L’avenir de la cybersécurité africaine
La lutte contre la cybercriminalité est un défi de long terme, qui nécessite des investissements massifs dans la formation, la technologie et la législation. Mais elle offre aussi des opportunités : création d’emplois qualifiés, développement de start-up spécialisées, émergence d’un marché africain de la cybersécurité. Pour les États comme pour les citoyens, il s’agit désormais d’intégrer la sécurité numérique comme un pilier essentiel du développement.
En 2025, l’Afrique n’a plus le choix : elle doit se protéger pour continuer à profiter de la révolution digitale. La bataille contre les hackers ne fait que commencer.