La croissance verte s’impose aujourd’hui comme un impératif pour l’Afrique, confrontée à la fois à une accélération des défis climatiques et à une volonté de bâtir un modèle de développement durable, inclusif et compétitif. Face à l’urgence climatique, à la pression démographique et à la nécessité de créer des millions d’emplois, la transition vers une économie verte et résiliente est au cœur des agendas politiques, économiques et sociaux du continent. Cette dynamique s’appuie sur l’innovation, l’investissement et la coopération internationale pour transformer les contraintes en opportunités.
Un contexte de transformation structurelle
L’Afrique, bien qu’elle ne soit responsable que d’une faible part des émissions mondiales de gaz à effet de serre, subit de plein fouet les conséquences du changement climatique : sécheresses, inondations, dégradation des terres, insécurité alimentaire, migrations forcées. Selon l’Agence française de développement, la résilience du continent passe par une transformation structurelle alignée sur les objectifs climatiques et sociaux, portée par des politiques publiques ambitieuses et une mobilisation accrue des ressources financières1.
La croissance verte ne se limite pas à la réduction de l’empreinte carbone. Elle englobe la préservation de la biodiversité, la gestion durable des ressources naturelles, l’économie circulaire et la promotion de modes de production et de consommation responsables. L’édition 2025 du Prix Afrique Excellence valorise d’ailleurs les innovations techniques et dispositifs novateurs en matière de développement durable, récompensant les projets ayant un impact tangible sur les communautés et l’environnement2.
Des opportunités inédites pour l’Afrique
Le potentiel africain en matière de croissance verte est immense. Le continent dispose de vastes ressources en énergie renouvelable (solaire, éolien, hydroélectricité), de minéraux stratégiques essentiels à la transition énergétique mondiale et d’un vivier d’entrepreneurs innovants. Selon la Banque africaine de développement, l’Afrique est très bien placée pour jouer un rôle de premier plan dans la croissance mondiale durable, à condition de tripler les flux de financement climatique et d’investir massivement dans l’innovation et la résilience5.
Les grands rendez-vous internationaux, comme ECOMONDO 2025, mettent en lumière les initiatives africaines dans la bioéconomie circulaire, la gestion des déchets, la restauration des sols, la bioénergie et l’agriculture durable4. Ces événements favorisent la mise en réseau des acteurs africains avec les institutions européennes, les entreprises et les start-ups du monde entier, tout en permettant le partage de solutions concrètes pour la gestion des ressources naturelles et la transition énergétique.
Les moteurs de la croissance verte : innovation et investissement
L’innovation est le moteur de la croissance verte africaine. Les start-ups et les entrepreneurs locaux développent des solutions adaptées aux réalités du continent : technologies propres, plateformes numériques pour la gestion de l’eau et de l’énergie, systèmes d’agriculture intelligente, recyclage et valorisation des déchets, etc. Le soutien à ces initiatives passe par des concours, des incubateurs, des fonds d’investissement et des partenariats public-privé24.
L’investissement, quant à lui, doit être catalysé à tous les niveaux : financement climatique international, mobilisation des ressources nationales, élargissement de l’assiette fiscale, création de marchés verts régionaux. Les institutions financières africaines et internationales jouent un rôle clé dans la structuration des projets, la gestion des risques et l’accompagnement des porteurs d’innovation57.
Défis à relever pour une croissance verte inclusive
Malgré les avancées, de nombreux défis subsistent : accès limité au financement pour les PME, manque de cadres réglementaires adaptés, insuffisance des compétences techniques, disparités régionales, sous-financement de l’adaptation climatique (moins de 10 % des flux de financement mondial)5. La réussite de la croissance verte suppose une action coordonnée entre États, secteur privé, société civile et partenaires internationaux.
La dimension sociale est centrale : il s’agit de garantir une transition juste, créatrice d’emplois décents et de moyens de subsistance durables, en particulier pour les jeunes et les femmes, qui représentent la majorité de la population active africaine7. La formation, l’éducation et l’inclusion doivent être au cœur des stratégies nationales et régionales.
Perspectives et recommandations
Pour accélérer la croissance verte, l’Afrique doit :
- Tripler les flux de financement climatique et investir dans l’innovation locale5
- Renforcer la coopération régionale et internationale autour des agendas 2063 (UA) et 2030 (ONU)
- Promouvoir l’économie circulaire, la gestion durable des ressources et la bioéconomie4
- Soutenir l’entrepreneuriat vert, la recherche et le transfert de technologies
- Garantir l’inclusion sociale, la création d’emplois verts et l’autonomisation des jeunes et des femmes
Conclusion
La croissance verte est une chance unique pour l’Afrique de bâtir un avenir résilient, prospère et équitable. En catalysant l’innovation et l’investissement, le continent peut devenir un leader mondial de la transition écologique, au bénéfice de ses populations et de la planète.