Croissance africaine 2025 : Le mirage des chiffres et la réalité sociale

Abidjan/Nairobi, 10 avril 2025 – Les prévisions de 4,1 % de croissance pour l’Afrique en 2025 masquent une fracture béante entre les indicateurs macroéconomiques et le quotidien de millions d’Africains. Derrière l’euphorie des investisseurs étrangers se cache une réalité implacable : 464 millions de personnes survivent avec moins de 2 dollars par jour, et le chômage des jeunes atteint des records historiques (35 % en moyenne continentale).

Les moteurs trompeurs de la croissance

  1. L’illusion des matières premières
  1. Le cobalt de la RDC (+15,5 % de production) et le lithium zimbabwéen attirent les géants chinois (CATL, Ganfeng), mais les contrats opacité génèrent des tensions sociales. Dans la province du Lualaba, des mineurs artisanaux dénoncent des salaires de misère (1,5 $/jour) et l’absence de retombées locales.
  2. Le pétrole nigérian, qui finance 80 % du budget fédéral, subit la chute des cours (65 $/baril) et les attaques djihadistes sur les oléoducs (12 % de la production perdue en 2024).
  1. La transition énergétique en demi-teinte
  1. Le Maroc mise sur l’hydrogène vert (10 milliards d’euros investis) via le projet Noor Hydrogen, mais les retards technologiques et le manque de main-d’œuvre qualifiée ralentissent les ambitions.
  2. En Afrique du Sud, les subventions aux véhicules électriques (54,5 millions de dollars) profitent majoritairement aux classes aisées des métropoles, creusant les inégalités.
  1. Le numérique, entre opportunités et dépendance
  1. Le Kenya connecte 63,52 % de sa population grâce à un partenariat avec Ericsson, mais les cyberattaques ont bondi de 200 % depuis 2023, ciblant notamment les services bancaires mobiles (M-Pesa).
  2. La fuite des cerveaux s’accélère : 40 % des diplômés en intelligence artificielle quittent le continent chaque année, attirés par les salaires européens ou américains.

Le piège de la dette et l’urgence alimentaire

  • Dette extérieure : Allégée de 13 % en 2025 grâce aux rééchelonnements chinois, elle reste insoutenable pour 15 pays. Le Ghana, dont la cote souveraine a été dégradée par Moody’s, émet des e-Cedis (monnaie numérique) pour contourner les sanctions des marchés internationaux.
  • Crise alimentaire : L’Égypte, premier exportateur de blé africain, rationne ses ventes vers le Soudan et le Tchad après une récolte 2024 en baisse de 30 %. Les prix du sorgho ont explosé (+70 % au Niger), provoquant des émeutes dans les zones rurales.

Conclusion

L’Afrique 2025 ressemble à un laboratoire géant où cohabitent innovations disruptives et archaïsmes structurels. La clé de la prospérité réside dans une démocratisation réelle des technologies et une gouvernance transparente des ressources, deux défis qui nécessitent une rupture générationnelle.

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