Côte d’Ivoire : tensions croissantes autour des candidatures et préparation d’une présidentielle sous haute pression

Côte d’Ivoire : tensions croissantes autour des candidatures et préparation d’une présidentielle sous haute pression

Introduction

À quelques mois de l’élection présidentielle prévue le 25 octobre 2025, la Côte d’Ivoire est plongée dans un climat politique tendu, marqué par des controverses sur les candidatures, des exclusions judiciaires, et des manifestations d’opposants. Le dépôt des candidatures est encore en cours, mais déjà, plusieurs ténors de l’opposition voient leur participation menacée, ravivant les blessures politiques et les tensions ethniques qui ont marqué le pays ces dernières années.

Le calendrier électoral et le contexte

La Commission électorale indépendante (CEI) a publié une liste électorale provisoire comprenant près de 9 millions d’électeurs, mais cette liste exclut plusieurs figures majeures de l’opposition, notamment l’ex-président Laurent Gbagbo, son ancien bras droit Charles Blé Goudé, et l’ex-Premier ministre Guillaume Soro, tous frappés par des condamnations judiciaires en Côte d’Ivoire. Ces exclusions ont provoqué une vive polémique, certains dénonçant une volonté délibérée d’écarter les adversaires du pouvoir en place.

Le président sortant Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011, entretient le suspense sur sa candidature à un quatrième mandat. Son parti, le RHDP, le désigne comme « candidat naturel » et prépare son investiture lors du congrès prévu en mai 2025. Malgré ses déclarations prudentes, il a exprimé son désir de continuer à servir le pays, ce qui alimente les spéculations.

Les candidatures en lice et les exclusions

Plusieurs candidatures sont déjà déclarées ou pressenties, parmi lesquelles :

  • Simone Ehivet Gbagbo, ancienne première dame et figure de l’opposition, investie par le Mouvement des générations capables (MGC).
  • Jean-Louis Billon, ancien ministre du Commerce, candidat indépendant issu du PDCI.
  • Tidjane Thiam, président du PDCI, principal parti d’opposition, dont la candidature est contestée en raison de sa double nationalité.
  • Pascal Affi N’Guessan, ancien Premier ministre, investi par le Front populaire ivoirien (FPI).

Toutefois, les exclusions judiciaires de Gbagbo, Blé Goudé et Soro suscitent de fortes critiques. Leurs partis ont annoncé des recours, dénonçant une instrumentalisation de la justice pour limiter la compétition électorale.

Manifestations et tensions sociales

Ces exclusions ont déclenché des manifestations dans plusieurs villes, notamment à Abidjan et Bouaké, où des partisans de l’opposition protestent contre ce qu’ils qualifient de « fraude institutionnelle ». Les forces de l’ordre ont parfois réagi par des dispersions musclées, ce qui accroît la tension sociale.

Par ailleurs, des incidents liés à la crise dite de la « problématique ivoirité » refont surface, ravivant des clivages ethniques et régionaux. Ces tensions alimentent les craintes d’une nouvelle crise post-électorale, à l’image de celle de 2010-2011 qui avait fait près de 3 000 morts.

Enjeux politiques et économiques

La présidentielle de 2025 est cruciale pour la stabilité politique et économique du pays, qui reste un moteur régional. Le gouvernement met en avant les progrès réalisés en matière d’infrastructures, d’éducation et de croissance économique, mais la contestation politique et les inégalités persistent.

Le spectre d’une crise électorale freine les investissements et inquiète les partenaires internationaux, notamment la CEDEAO, l’Union africaine et les Nations Unies, qui appellent au respect du processus démocratique et à la transparence.

Perspectives et défis

Le défi majeur reste d’organiser une élection crédible, inclusive et apaisée. Le dialogue entre les partis politiques, la société civile et les institutions électorales est indispensable pour éviter un scénario de crise. La révision de la liste électorale, prévue après le scrutin, est également un point de discorde.

La communauté internationale est attentive, prête à intervenir en cas de dérapage, mais privilégie un accompagnement diplomatique. Pour la Côte d’Ivoire, la présidentielle de 2025 est un test majeur pour sa démocratie et sa paix sociale.

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