Côte d’Ivoire : Lutte contre la déforestation, le cacao durable en marche

La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, est confrontée à un défi environnemental majeur : la déforestation. Depuis plusieurs décennies, la culture intensive du cacao a contribué à la disparition de vastes étendues forestières, mettant en péril la biodiversité nationale et la résilience des écosystèmes. Face à cette urgence, les autorités ivoiriennes, en partenariat avec des acteurs privés et des ONG internationales, ont lancé une série d’initiatives pour promouvoir un cacao durable et inverser la tendance à la dégradation des forêts.

Au cœur de cette stratégie figure la mise en œuvre de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. Les coopératives de producteurs sont encouragées à adopter l’agroforesterie, une technique qui consiste à associer la culture du cacao à celle d’arbres indigènes, permettant ainsi de restaurer les sols, d’améliorer la rétention d’eau et de préserver la faune locale. Plusieurs programmes pilotes, soutenus par la Banque mondiale et l’Union européenne, ont permis de reboiser des milliers d’hectares dans les régions les plus touchées.

La traçabilité du cacao est également devenue un enjeu central. Les grandes entreprises chocolatières, soumises à la pression des consommateurs et des régulateurs européens, exigent désormais des garanties sur l’origine des fèves et le respect des normes environnementales. La Côte d’Ivoire a ainsi développé un système national de certification, qui permet de distinguer le cacao issu de plantations durables et de valoriser les efforts des producteurs engagés dans la transition écologique.

Les résultats commencent à se faire sentir : la superficie des forêts classées stabilise dans certaines régions, et les revenus des planteurs certifiés augmentent grâce à des primes et à l’accès à de nouveaux marchés. Toutefois, les défis restent nombreux. La pauvreté rurale, le manque d’accès au crédit et la pression démographique continuent d’alimenter la déforestation illégale. Les autorités ivoiriennes insistent sur la nécessité d’une approche intégrée, combinant lutte contre la pauvreté, éducation environnementale et contrôle renforcé des frontières forestières.

Le cacao durable s’impose aussi comme un enjeu de diplomatie économique pour la Côte d’Ivoire. Le pays plaide pour une meilleure rémunération des producteurs sur les marchés internationaux et pour la reconnaissance des efforts consentis en matière de préservation de l’environnement. Des alliances se nouent avec le Ghana, autre géant du cacao, afin de peser davantage dans les négociations commerciales et d’imposer des standards éthiques et écologiques à l’industrie mondiale du chocolat.

La société civile joue un rôle moteur dans cette dynamique. Les ONG locales sensibilisent les communautés rurales aux conséquences de la déforestation et accompagnent la création de pépinières, la formation des jeunes et la diversification des sources de revenus. Des campagnes de reboisement citoyen, soutenues par les médias et les influenceurs, mobilisent chaque année des milliers de volontaires.

En conclusion, la lutte contre la déforestation en Côte d’Ivoire et la promotion d’un cacao durable illustrent la capacité du pays à conjuguer développement économique et responsabilité environnementale. Si la route reste longue, les initiatives en cours montrent qu’un modèle agricole plus respectueux de la nature est possible, à condition d’un engagement collectif, d’un soutien international et d’une volonté politique affirmée.