Abidjan, le 11 août 2025–
La tension politique monte à Abidjan après l’annonce, par plusieurs partis d’opposition, de nouvelles arrestations ciblant une dizaine de leurs cadres . Selon les déclarations de ces formations, ces interpellations seraient directement liées aux dernières manifestations organisées dans la commune populaire de Yopougon , bastion historique de contestation contre le régime.
Des figures politiques en détention
Les personnes arrêtées comprennent trois responsables régionaux du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et deux membres duFront Populaire Ivoirien (FPI), soupçonnés par le ministère de l’Intérieur d’avoir « coordonné des attroupements non autorisés et perturbé l’ordre public ».
Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent plusieurs rassemblements dispersés, parfois à l’aide de gaz lacrymogènes, par les forces de l’ordre.
Les autorités soutiennent que ces arrestations sont le résultat d’une application strictement légale du Code pénal , particulièrement face aux menaces de déstabilisation à l’approche de la présidentielle prévue en octobre 2025.
Un contexte politique tendu
La situation s’inscrit dans un climat préélectoral fortement polarisé, marqué par la controverse autour dela candidature du président Alassane Ouattara pour un quatrième mandat.
Ses partisans soutiennent que la réforme constitutionnelle de 2020 lui donne le droit de se représenter, tandis que l’opposition dénonce un « forçage » contraire à l’esprit démocratique.
Les manifestations de Yopougon avaient pour objectif, selon leurs organisateurs, de sensibiliser la population aux risques d’ affaiblissement institutionnel et de bipolarisation politique . Leur répression est désormais au cœur des débats sur les libertés civiles en Côte d’Ivoire .
Réactions nationales et internationales
Plusieurs organisations de défense des droits humains, dontAmnesty International, demande la libération immédiate des détenus, estimant que leur arrestation « viole le droit fondamental de réunion pacifique ».
L’Union africaine a publié un communiqué appelant les autorités à « garantir un environnement électoral ouvert, inclusif et apaisé ».
Les chancelleries occidentales, notamment l’ambassade des États-Unis à Abidjan, insistent sur la nécessité de dialogues politiques inclusifs , soulignant que la stabilité économique de la Côte d’Ivoire dépend étroitement de la confiance entre gouvernants et gouvernés.
L’impact sur la scène économique et sociale
La crise politique pourrait avoir des répercussions sur l’économie ivoirienne, premier producteur mondial de cacao. Certains investisseurs internationaux envisagent déjà de ralentir leurs engagements financiers dans le pays jusqu’après l’élection, redoutant des troubles persistants.
Pour les économistes locaux, cette instabilité pourrait aussi fragiliser les avancées obtenues ces dix dernières années, alors que la croissance ivoirienne reste l’une des plus fortes de l’Afrique de l’Ouest.
Perspectives
Alors que l’opposition promet de nouvelles marches « pacifiques », les autorités affirment qu’elles n’hésiteront pas à employeur tous les moyens légaux pour maintenir l’ordre.
La suite dépendra de la capacité des deux camps à se retrouver autour d’une table de négociation, afin d’éviter de replonger dans les tensions postélectorales qui ont marqué l’histoire récente du pays .