Côte d’Ivoire – Grève illimitée des producteurs de café-cacao face au silence du gouvernement

Introduction

En juillet 2025, la Côte d’Ivoire vit une nouvelle crise sociale majeure dans le secteur clé du café-cacao. Le Syndicat National Agricole pour le Progrès en Côte d’Ivoire (SYNAP-CI) a annoncé le déclenchement d’une grève illimitée à partir du 14 juillet, dénonçant le silence du gouvernement face à leurs revendications légitimes. Cette mobilisation intervient dans un contexte déjà tendu, marqué par une crise climatique sévère, des récoltes menacées et une précarité grandissante des producteurs. Ce mouvement social révèle les difficultés profondes que traverse la filière, essentielle à l’économie ivoirienne et au bien-être de millions de familles.

Un secteur vital en crise

La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de cacao, fournissant environ 40% de la production mondiale. Le café-cacao représente près de 15% du PIB national et constitue la principale source de revenus pour plus de 800 000 familles rurales. Pourtant, ces dernières années, les producteurs font face à une conjoncture difficile : baisse des prix, dégradation des conditions de production, sécheresse prolongée et maladies ravageant les plantations.

  • Sécheresse et changement climatique : Depuis 2023, la région de la boucle du cacao est frappée par un déficit pluviométrique important, aggravé par le phénomène El Niño. Cette sécheresse compromet la récolte intermédiaire d’avril à septembre 2025, avec un risque de pénurie de fèves.
  • Dégradation des plantations : La pourriture brune et d’autres maladies liées au stress hydrique affectent la qualité et la quantité des récoltes.
  • Précarité des producteurs : Selon des ONG, 80% des planteurs ne perçoivent pas un revenu vital, ce qui limite leurs capacités d’investissement et leur résilience face aux aléas climatiques.

Les revendications du SYNAP-CI

Le 1er juillet 2025, une délégation du SYNAP-CI a rencontré les représentants du ministère de l’Agriculture pour discuter de deux points majeurs :

  • Le reversement des cotisations des producteurs : Les producteurs réclament la transparence et la régularité des versements qui leur sont dus, afin d’assurer un financement adéquat des activités agricoles.
  • Une subvention de 500 milliards de francs CFA : Cette aide, destinée à soutenir les producteurs de café-cacao, devrait être gérée par le Conseil du Café-Cacao (CCC) sous la supervision des organisations professionnelles, afin d’éviter toute mauvaise gestion.

Malgré une ambiance « franche et conviviale » lors de la rencontre, le ministère n’a pas donné suite aux engagements pris, notamment la transmission rapide des revendications au ministre d’État. Ce silence a été perçu comme un mépris par le syndicat, qui a décidé d’une grève illimitée sur tout le territoire national à partir du 14 juillet.

Les conséquences de la grève

Cette mobilisation risque d’avoir des répercussions importantes sur la filière :

  • Blocage de la production et de la commercialisation : La grève pourrait retarder la récolte et perturber les circuits d’exportation, aggravant la crise déjà existante.
  • Pression sur les prix mondiaux : La Côte d’Ivoire étant un acteur majeur du marché, toute perturbation de sa production influence les prix internationaux, déjà très volatils.
  • Impact social : La grève reflète la détresse d’une population rurale qui subit la double peine de la crise climatique et de l’absence de soutien institutionnel.

Les enjeux pour le gouvernement ivoirien

Face à cette crise, le gouvernement est confronté à plusieurs défis :

  • Répondre aux attentes des producteurs : Trouver des solutions rapides et efficaces pour apaiser les tensions et garantir un soutien financier et technique.
  • Assurer la stabilité économique : La filière café-cacao est un pilier de l’économie nationale ; son effondrement aurait des conséquences graves sur la croissance et l’emploi.
  • Gérer l’image internationale : La Côte d’Ivoire doit montrer sa capacité à gérer les crises agricoles et sociales pour préserver sa crédibilité auprès des partenaires commerciaux et financiers.

Perspectives et solutions possibles

  • Dialogue social renforcé : Une concertation élargie entre producteurs, gouvernement, acteurs privés et partenaires internationaux est indispensable pour construire des réponses durables.
  • Investissements dans l’adaptation climatique : Développer des pratiques agricoles résilientes, promouvoir la diversification des cultures et renforcer la recherche agronomique.
  • Réforme de la gouvernance de la filière : Améliorer la transparence, la gestion des fonds et la représentation des producteurs dans les instances décisionnelles.

Conclusion

La grève illimitée annoncée par les producteurs de café-cacao en Côte d’Ivoire est un signal d’alarme sur l’état critique d’une filière vitale pour le pays et le continent. Elle révèle les conséquences dramatiques du changement climatique, des difficultés économiques et du manque de soutien institutionnel. La résolution de cette crise passe par une mobilisation collective, des réformes profondes et une volonté politique forte pour garantir un avenir durable aux producteurs et à l’économie ivoirienne.

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