Un climat politique tendu avant l’élection présidentielle d’octobre 2025
La Côte d’Ivoire, première économie francophone d’Afrique subsaharienne, est à la veille d’une présidentielle sous haute tension prévue pour le 25 octobre 2025. Le contexte politique est marqué par une élection controversée, où le président sortant Alassane Ouattara brigue un quatrième mandat consécutif, suscitant un profond mécontentement dans une opposition affaiblie et partiellement exclue du scrutin.
Dans ce climat déjà chargé, une nouvelle affaire judiciaire vient aggraver la tension : l’inculpation de 11 membres du Parti Panafricain des Créateurs et Innovateurs (PPACI), accusés de terrorisme et de complot contre l’État. Ce dossier sensible cristallise une fois de plus le débat sur la liberté politique, la justice et la sécurité dans un pays confronté à des menaces internes et à un climat électoral explosif.
L’affaire des 11 membres du PPACI : accusations lourdes et contestations
Les autorités ivoiriennes ont porté contre ces 11 membres des accusations impliquant un complot visant à déstabiliser le régime en place. Selon le ministre de la Sécurité, ces individus auraient entretenu des liens avec des groupes armés pour organiser des actes terroristes dans plusieurs régions du pays, notamment dans le nord, frontalier au Burkina Faso et au Mali, zones déjà fragilisées par l’insécurité.
Le procureur a affirmé que les preuves incluent des communications interceptées, des transactions financières suspectes et des témoins à charge. Les inculpés, eux, dénoncent un procès politique, soulignant que cette opération judiciaire vise à réduire au silence les voix critiques et à affaiblir l’opposition à l’approche du scrutin.
Un contexte électoral fragile marqué par des exclusions politiques
Cette affaire survient alors que la scène politique ivoirienne est marquée par plusieurs exclusions majeures. Quatre figures de l’opposition — dont l’ancien président Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, Guillaume Soro, et Tidjane Thiam — ont été exclues du scrutin pour diverses raisons administratives ou judiciaires, ce qui déstabilise le jeu politique et alimente les craintes d’une crise post-électorale.
Les partis d’opposition dénoncent une Commission Électorale Indépendante (CEI) accusée de partialité et de gestion opaque, ce qui a conduit à des retraits symboliques de plusieurs formations politiques du processus électoral. Ce climat accroît la méfiance des populations, déjà fragilisées par les conséquences économiques de la pandémie et les défis sécuritaires régionaux.
Les enjeux sécuritaires et sociaux derrière l’affaire PPACI
Le pouvoir ivoirien justifie son action par la nécessité de préserver la stabilité et la sécurité nationales, face à une montée des activités terroristes dans la sous-région du Sahel, et aux risques d’attaques sur le territoire ivoirien. Le pays est situé à un carrefour stratégique entre des zones en proie à l’insécurité, ce qui conditionne une vigilance accrue des forces de sécurité.
Pourtant, cette affaire tend à polariser la société, exacerbant les rivalités politiques et mettant à l’épreuve la cohésion nationale. Les analystes alertent sur le danger de la criminalisation systématique de l’opposition qui pourrait fragiliser davantage le paysage démocratique ivoirien.
Perspectives et appels à la paix
Face à cette situation explosive, plusieurs acteurs de la société civile ivoirienne, ainsi que des observateurs internationaux, appellent à un dialogue sincère entre le pouvoir et l’opposition pour éviter que l’élection ne dégénère en crise majeure. Ils recommandent également une justice transparente, indépendante et basée sur des preuves solides.
Le bon déroulement du scrutin est crucial pour l’avenir politique et économique de la Côte d’Ivoire. La paix sociale et la stabilité régionale dépendent en grande partie de la capacité des acteurs à gérer ces tensions dans le cadre des institutions démocratiques.