La COP29 qui se tient à Singapour en 2025 s’annonce comme l’un des tournants les plus cruciaux de la diplomatie climatique mondiale. Après plusieurs années de promesses inabouties, la communauté internationale se trouve acculée : il ne s’agit plus de débattre, mais d’agir. L’Afrique, victime majeure du réchauffement global malgré sa faible contribution aux émissions de carbone, arrive à cette conférence avec un mot d’ordre : justice climatique.
Depuis la COP27 au Caire et la COP28 à Dubaï, le fossé s’est creusé entre le Nord et le Sud. Les pays industrialisés, tout en prônant la neutralité carbone, n’ont pas tenu leurs engagements en matière de financement vert. Le fonds “Pertes et Dommages”, censé soutenir les pays vulnérables, demeure sous‑doté et politiquement verrouillé.
L’Afrique se mobilise à Singapour à travers une coalition unie. Dirigée par le président kényan William Ruto et soutenue par l’Union africaine, cette plateforme exige que les contributions climatiques soient repensées selon le principe de responsabilité historique. L’idée : ceux qui ont le plus pollué doivent financer plus massivement la transition.
Mais cette COP29 se distingue aussi par un fait majeur : l’entrée en force du secteur privé et des fonds souverains dans la diplomatie climatique. Amazon, China Energy, ou encore la Banque asiatique d’investissement vert y annoncent des investissements directs dans les infrastructures durables africaines : hubs hydrogène vert, agriculture régénérative, transport propre.
Ce déplacement de la puissance financière bouleverse les rapports classiques entre États.
Les climatologues n’en décolèrent pas : malgré les discours et les capitales climatiques, la température mondiale continue d’augmenter, les glaciers reculent, les sécheresses s’intensifient. En 2025, près de 50 millions d’Africains supplémentaires sont menacés par l’insécurité hydrique, selon le PNUD.
Singapour, symbole d’un modèle vert intégré, ne veut pas d’une COP de plus. Elle pousse un agenda fondé sur les “zones climatiquement neutres régionales”, des ensembles économiques et écologiques interconnectés. L’Afrique, avec sa capacité solaire et éolienne gigantesque, pourrait devenir la région pilote.
Le sommet sera jugé à l’aune d’un seul indicateur : combien de milliards réels, et non promis, seront débloqués pour financer la transition du Sud ?
Si cette COP échoue encore, elle pourrait marquer la fin de la confiance entre le Nord et le Sud, et précipiter la naissance d’un nouvel ordre climatique indépendant, mené par les pays du BRICS élargi et l’Afrique.