COP29 à Bakou : Promesses de triplement des financements climatiques, mais bilan très mitigé

BAKU, AZERBAIJAN - OCTOBER 10: An event titled 'Pre-COP29 : Enhance Ambition and Enable Action' held ahead of the 29th Conference of the Parties (COP 29) of the United Nations (UN) Framework Convention on Climate Change, which Azerbaijan will host on November 11-22, in Baku Azerbaijan on October 10, 2024. Turkish Minister of Environment, Urbanization and Climate Change Murat Kurum (front L5) also took part in the event. Resul Rehimov / Anadolu (Photo by Resul Rehimov / ANADOLU / Anadolu via AFP)

Introduction

La COP29 qui s’est tenue à Bakou, Azerbaïdjan, du 11 au 24 novembre 2024, devait être une conférence charnière : neuf ans après l’Accord de Paris, à six ans de l’échéance cruciale de 2030, les attentes étaient immenses. Près de 200 pays étaient réunis pour répondre à la double urgence de l’adaptation et du financement, et pour inscrire les suites du Bilan mondial de Dubaï (COP28) dans des actions concrètes. Résultat : un accord historique sur le triplement des financements, mais une communauté internationale partagée entre satisfaction pour les avancées monétaires et déception sur les objectifs opérationnels et la sortie des énergies fossiles.

Un nouveau cap pour le financement de l’action climatique

Sous pression des pays les plus vulnérables, la COP29 a inscrit dans le marbre un triplement du financement international : l’objectif passe de 100 milliards de dollars par an à 300 milliards par an d’ici 2035. Cette somme devra provenir de sources publiques et privées, avec une promesse d’atteindre 1 300 milliards de dollars par an à cette échéance, afin de couvrir les besoins gigantesques des pays en développement pour s’adapter aux catastrophes climatiques et accélérer la transition vers les énergies propres. Ce volet, arraché au terme de négociations marathoniennes, fait figure de victoire diplomatique, saluée par l’UE et certains acteurs africains, même si une clause de révision est prévue pour 2030 selon l’évolution des rapports et des besoins.

Des pays en développement encore frustrés

Pourtant, l’accord ne dissipe pas toutes les tensions. Les pays du Sud, en tête les États africains et insulaires, qualifient l’accord de « minimum » ou même d’« insulte », soulignant que le doublement, voire le quadruplement des montants était jugé nécessaire pour faire face à l’ampleur des dommages et des défis climatiques. De nombreuses ONG dénoncent un compromis principalement financier, qui recule sur les ambitions en matière d’atténuation, de justice climatique et de transparence dans la reddition de comptes.

Fossiles : la sortie reportée

L’un des aspects les plus contestés de la COP29 porte sur la question de la sortie des énergies fossiles et des subventions aux hydrocarbures. Malgré le consensus croissant autour d’une trajectoire pour « opérer la transition hors des fossiles », les divisions entre pays industrialisés (qui voulaient lier la sortie des fossiles aux nouveaux objectifs climatiques nationaux) et plusieurs grands pays émergents opposés à ce lien (dont le groupe arabe et les LMDC), ont empêché tout engagement fort et contraignant.
L’accord final mentionne certes la « transition vers la sortie des fossiles » et l’« élimination progressive des subventions », mais sans échéancier clair ni contrainte juridique effective.

Bilan mondial : des avancées, mais mise en œuvre à prouver

Le lien entre le nouvel objectif financier et les résultats du Bilan mondial de Dubaï (premier « Global Stocktake ») reste faible. Les Parties s’engagent à soumettre de nouveaux engagements nationaux (CDN) avant février 2025, mais ces engagements restent, pour le moment, non contraignants et très hétérogènes selon les pays. Les observateurs regrettent donc des progrès limités sur la transparence, la comptabilité carbone, l’adaptation et le suivi réel des flux financiers.

Adaptation, reddition de comptes et place de l’océan

Des progrès sont tout de même salués sur la transparence, la reddition de comptes, et le financement de l’adaptation (protection contre les risques, mesures concrètes dans l’agriculture, la santé, la protection côtière…), ainsi que sur la prise en compte de l’océan et des écosystèmes marins comme piliers de l’action climatique. L’année 2025 devra voir la mise en place de stratégies plus robustes dans ces secteurs clés.

Regards vers la COP30 de Belém

La COP29 pose donc les bases financières nécessaires, mais laisse à la prochaine conférence de Belém, au Brésil, la responsabilité d’aller beaucoup plus loin sur l’ambition, la sortie effective des fossiles et la solidarité Nord-Sud. Même le patron d’ONU Climat, Simon Stiell, admet que « personne n’a obtenu tout ce qu’il voulait » et que « la montagne de travail à accomplir » reste immense.

Conclusion

La COP29 restera comme la COP du financement triplement augmenté, mais aussi comme celle des occasions manquées en matière d’ambition climatique, de justice Nord-Sud et de transformation des modèles énergétiques. Si l’accord de Bakou marque une avancée sur le plan financier, tout est encore à prouver pour la transition effective vers une planète bas carbone, alors que le temps presse pour respecter l’Accord de Paris.

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