Introduction
Le 2 juin 2025, un meeting de l’opposition prévu à Bangui a été empêché par des groupes de jeunes, officiellement « non identifiés », suscitant une vive inquiétude sur l’état de la démocratie en Centrafrique. Cet incident intervient dans un contexte de tensions politiques accrues, à l’approche d’élections cruciales et sur fond de présence croissante de groupes armés et de mercenaires étrangers dans le pays.
Les faits : un rassemblement muselé
Le meeting, organisé par une coalition de partis d’opposition, devait se tenir sur la place des Martyrs, au cœur de la capitale. Dès les premières heures, des dizaines de jeunes, certains armés de bâtons et de pierres, ont investi les lieux, empêchant l’installation des stands et dispersant les militants venus soutenir leurs leaders. Selon plusieurs témoins, la police, présente sur place, n’est pas intervenue pour protéger les organisateurs, laissant les fauteurs de troubles agir en toute impunité.
L’opposition accuse le pouvoir en place d’avoir orchestré ces violences pour étouffer toute contestation. « C’est une grave atteinte à la liberté d’expression et au pluralisme politique », a dénoncé un responsable du principal parti d’opposition.
Un climat politique sous tension
Depuis plusieurs mois, la Centrafrique connaît une montée des tensions entre le pouvoir et l’opposition. Le président Faustin-Archange Touadéra, réélu en 2023, est régulièrement accusé de dérive autoritaire et de verrouillage du débat public. Les arrestations arbitraires, les intimidations et les restrictions des libertés se multiplient, selon les ONG de défense des droits humains.
L’approche des prochaines élections législatives, prévues pour la fin de l’année, exacerbe les rivalités. L’opposition, fragilisée par les divisions internes et la répression, peine à mobiliser, tandis que le pouvoir mise sur la stabilité sécuritaire pour justifier ses méthodes.
Le rôle ambigu des forces de sécurité
L’absence d’intervention des forces de l’ordre lors du meeting avorté interroge sur leur neutralité. Plusieurs observateurs estiment que la police et la gendarmerie sont de plus en plus instrumentalisées par le pouvoir pour museler l’opposition. « Nous assistons à une militarisation de la vie politique, où la force prime sur le droit », analyse un chercheur de l’Université de Bangui.
Les risques pour la démocratie
Cet épisode illustre la fragilité du processus démocratique en Centrafrique, pays marqué par des décennies de coups d’État, de guerres civiles et d’ingérences étrangères. La société civile s’inquiète d’un retour à la violence politique et d’une remise en cause des acquis démocratiques obtenus au prix de lourds sacrifices.
La communauté internationale, notamment l’Union africaine et l’ONU, a appelé les autorités à garantir le respect des libertés fondamentales et à organiser des élections libres et transparentes. Mais sur le terrain, la confiance est rompue et la peur domine.
Conclusion
L’empêchement du meeting de l’opposition à Bangui sonne comme une alerte pour la démocratie centrafricaine. Si le pouvoir persiste dans la voie de la répression, le risque d’escalade et de déstabilisation reste élevé. Seul un dialogue inclusif, respectueux des droits de tous, permettra d’éviter une nouvelle crise.