Centrafrique : La Banque africaine de développement intensifie la lutte contre les flux financiers illicites

La République centrafricaine (RCA) fait face à un défi majeur : la lutte contre les flux financiers illicites (FFI), qui privent le pays de ressources essentielles pour son développement. Consciente de l’ampleur du problème, la Banque africaine de développement (BAD) a organisé du 10 au 13 juin 2025 à Bangui un atelier de haut niveau, réunissant des acteurs clés du secteur public, du privé et de la société civile456.

Un atelier pour renforcer les capacités nationales

L’atelier, organisé dans le cadre du projet GONAT, avait pour objectif de renforcer les capacités nationales en matière de détection, de prévention et de lutte contre les FFI, tout en améliorant la gouvernance des prêts adossés aux ressources naturelles456. Plus de 80 participants issus des ministères des Finances, de l’Économie, du Plan, de l’Environnement, des Mines et de la Géologie, ainsi que des représentants du secteur privé et des communautés locales, ont pris part aux travaux.

Les discussions ont porté sur les risques liés à l’utilisation croissante des prêts garantis par les ressources naturelles, notamment dans le secteur extractif. Le ministre des Mines, Rufin Benam Beltoungou, a mis en garde contre les dangers d’un endettement mal maîtrisé en l’absence de cadres institutionnels solides6.

Des outils innovants pour détecter les flux illicites

Les participants ont été formés à l’utilisation de plusieurs outils et méthodes innovantes, tels que la Partner Country Method (PCM), la fausse facturation commerciale, ainsi que des indices internationaux comme le Financial Secrecy Index ou le Corruption Perception Index56. Ces instruments permettent d’identifier les écarts entre les exportations déclarées et les données douanières, en particulier dans les filières aurifères et diamantifères, souvent sujettes à la sous-évaluation ou à la surévaluation des ressources exportées.

Fanta Mariette Samba-Vomi, ingénieure géologue et directrice du cadastre minier, a souligné l’importance de ces outils pour repérer les anomalies et renforcer la transparence dans le secteur minier5.

L’inclusion des femmes, un enjeu majeur

L’atelier a également mis l’accent sur la gouvernance inclusive, avec un objectif de participation féminine d’au moins 40 %56. « Un changement transformateur et durable ne peut se produire que si la voix des femmes et des communautés locales est entendue et prise en compte dans les processus d’élaboration des politiques », a déclaré Mamady Souaré, responsable du bureau pays de la BAD en Centrafrique.

Des retombées attendues pour la gouvernance et le développement

Eric Ogunleye, directeur de l’Institut africain de développement, a salué les résultats de l’atelier, estimant qu’ils contribueront à améliorer la gouvernance des ressources naturelles et à renforcer la transparence dans le secteur extractif en RCA6. Une meilleure gestion des flux financiers illicites permettra à la Centrafrique de mobiliser davantage de ressources internes pour financer son développement et réduire sa dépendance à l’aide extérieure.

Un enjeu continental

Les flux financiers illicites constituent un défi à l’échelle de l’Afrique, siphonnant chaque année plusieurs milliards de dollars qui pourraient être investis dans l’éducation, la santé ou les infrastructures456. La lutte contre ce fléau est donc une priorité pour la BAD, qui multiplie les initiatives pour accompagner les États dans la mise en place de cadres réglementaires et institutionnels solides.

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