Centrafrique – 29 élèves tués dans une bousculade lors des examens à Bangui

La République centrafricaine est sous le choc après la mort tragique de 29 élèves, tués dans une bousculade survenue lors d’un examen national dans la capitale Bangui, le 29 juin 2025. L’événement, qui a bouleversé la communauté éducative et l’ensemble du pays, met en lumière les conditions précaires dans lesquelles se déroulent les épreuves scolaires et la fragilité des infrastructures publiques en Centrafrique.

Le drame s’est produit tôt le matin, alors que des milliers d’élèves se pressaient devant le lycée Barthélémy Boganda, l’un des plus grands établissements scolaires de la ville, pour passer l’examen national du BEPC (Brevet d’études du premier cycle). Selon les témoignages recueillis sur place, la panique a éclaté lorsque la foule, trop nombreuse, a tenté de forcer l’entrée du lycée, dont les portes étaient encore fermées. La pression de la foule, combinée à l’absence de dispositifs de sécurité, a rapidement dégénéré, provoquant une bousculade meurtrière.

Les victimes, âgées de 13 à 17 ans, ont été piétinées ou asphyxiées. Parmi elles, plusieurs filles, dont la sœur d’un témoin interrogé par Africanova : « Elle voulait réussir à tout prix, elle était prête à affronter n’importe quoi pour passer cet examen. » Les secours, arrivés rapidement mais dépassés par l’ampleur de la catastrophe, ont tenté de porter assistance aux blessés, dont une dizaine dans un état grave. Les images diffusées sur les réseaux sociaux montrent des scènes de chaos et de désespoir, avec des parents affolés cherchant leurs enfants parmi les victimes.

Le gouvernement centrafricain a immédiatement décrété trois jours de deuil national et ordonné l’ouverture d’une enquête pour déterminer les responsabilités. Le ministre de l’Éducation nationale, Marie Madeleine N’Koué, a reconnu des « défaillances graves » dans l’organisation des examens et promis que des mesures seraient prises pour éviter qu’une telle tragédie ne se reproduise. « Nous partageons la douleur des familles et nous nous engageons à tout mettre en œuvre pour que justice soit rendue », a-t-elle déclaré lors d’une allocution télévisée.

Ce drame intervient dans un contexte de fragilité extrême du système éducatif centrafricain, marqué par des années de conflit, de pauvreté et de sous-investissement chronique. Les écoles, souvent surpeuplées et mal entretenues, peinent à accueillir le nombre croissant d’élèves, tandis que les enseignants, mal payés et peu formés, font face à des conditions de travail difficiles. Les examens nationaux, moments clés de la scolarité, sont régulièrement l’occasion de tensions et d’incidents, mais jamais à une telle échelle.

La communauté internationale a réagi avec émotion à la nouvelle. L’UNICEF a exprimé sa « profonde tristesse » et appelé à un renforcement de l’aide à l’éducation en Centrafrique. Plusieurs pays, dont la France, les États-Unis et le Canada, ont proposé leur soutien logistique et financier pour aider les familles des victimes et améliorer les conditions de sécurité dans les établissements scolaires.

Sur place, la colère et la tristesse se mêlent. Les parents d’élèves ont organisé des rassemblements devant le lycée, exigeant justice et réformes. « Nos enfants méritent mieux que ça », scandent-ils, brandissant des photos de leurs enfants disparus. Les syndicats d’enseignants ont également appelé à une grève nationale pour dénoncer la négligence des autorités et réclamer des investissements urgents dans l’éducation.

Dans les jours qui suivent, le gouvernement a annoncé la suspension de tous les examens nationaux jusqu’à nouvel ordre, afin de permettre une réorganisation complète du système. Des experts internationaux, notamment de l’UNESCO, ont été sollicités pour accompagner les autorités centrafricaines dans la mise en place de nouvelles procédures de sécurité et de gestion des flux d’élèves.

La tragédie de Bangui souligne l’urgence de réformer en profondeur le système éducatif centrafricain, mais aussi de renforcer la solidarité internationale envers un pays encore marqué par la violence et la pauvreté. Les défis sont immenses : reconstruction des infrastructures, formation des enseignants, amélioration de la sécurité dans les écoles, et surtout, restauration de la confiance des élèves et de leurs familles dans l’avenir.

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