Cap-Vert : des archives exceptionnelles sur Amilcar Cabral dévoilées à l’occasion du 49e anniversaire de l’indépendance

Picture released on October 22, 1971 of Amilcar Cabral, leader of the African Party for the Independence of Guinea and Cape Verde (PAIGC). Amilcar Cabral was born in Portuguese Guinea on September 12, 1924. He was educated in Lisbon, where he helped to found (1948) the Centro de Estudos Africanos. In 1962 Cabral took his party into an open war for the independence of Portuguese Guinea. In the late 1960s he was the de facto ruler of the parts of portuguese Guinea not occupied by army units from Portugal. In 1972 he established a Guinean People's National Assembly as a step toward independence. Cabral was assassinated outside his home in Conakry, where his party had established its headquarters. (Photo by - / LEHTIKUVA / AFP)

Praia, 5 juillet 2025 – Un trésor pour la mémoire africaine

Le Cap-Vert célèbre aujourd’hui le 49e anniversaire de son indépendance dans une atmosphère toute particulière. À Praia, la capitale, l’émotion est palpable : des archives inédites sur Amilcar Cabral, figure tutélaire de la lutte anticoloniale, viennent d’être rendues publiques. Cette révélation, saluée par des historiens du monde entier, offre un éclairage inédit sur le parcours, la pensée et l’héritage de l’un des plus grands stratèges de la libération africaine.

Un fonds documentaire exceptionnel enfin accessible

C’est au cœur de l’Institut National des Archives du Cap-Vert qu’a eu lieu la cérémonie de dévoilement. Le fonds, constitué de milliers de pages manuscrites, de correspondances, de discours inédits, de carnets de terrain et de photographies, dormait depuis des décennies dans les réserves familiales et institutionnelles. Grâce à un partenariat entre l’État capverdien, l’UNESCO et plusieurs universités portugaises et africaines, ces documents ont été numérisés, restaurés et classés, permettant enfin leur consultation par les chercheurs, étudiants et citoyens.

Parmi les pièces maîtresses, on retrouve :

  • Le carnet de notes de Cabral lors de la Conférence de Casablanca (1961), où il pose les bases de la solidarité panafricaine.
  • Une correspondance confidentielle avec Kwame Nkrumah, président du Ghana, sur la stratégie de lutte non violente.
  • Des plans détaillés d’organisation de la résistance en Guinée-Bissau, rédigés de la main même de Cabral.
  • Des poèmes et textes littéraires, révélant une sensibilité méconnue du public.

Amilcar Cabral, architecte de la libération

Né en 1924 à Bafatá (Guinée-Bissau), Amilcar Cabral est l’un des plus grands penseurs et acteurs de la décolonisation africaine. Ingénieur agronome formé à Lisbonne, il fonde en 1956 le PAIGC (Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert), qui deviendra la colonne vertébrale de la lutte contre le colonialisme portugais. Visionnaire, il prône une stratégie mêlant guérilla armée, mobilisation populaire et diplomatie internationale.

Assassiné en 1973, quelques mois avant la victoire finale, Cabral laisse une œuvre politique et intellectuelle immense. Ses écrits, traduits dans le monde entier, continuent d’inspirer les mouvements de libération et les chercheurs en sciences sociales.

Un héritage vivant et réinterrogé

La mise à disposition de ces archives intervient à un moment charnière pour le Cap-Vert et l’Afrique. À l’heure où les débats sur la mémoire, la restitution et la réappropriation du patrimoine africain prennent une ampleur inédite, la figure de Cabral retrouve une actualité brûlante.

Pour les jeunes générations capverdiennes, souvent éloignées des réalités de la lutte anticoloniale, ces documents sont une invitation à renouer avec leur histoire. Les écoles et universités du pays ont d’ores et déjà prévu d’intégrer ces sources dans les programmes éducatifs, afin de transmettre l’esprit de résistance, d’unité et de dignité qui animait Cabral.

Un événement international et des enjeux de mémoire

La cérémonie de dévoilement a réuni des personnalités venues de toute l’Afrique, d’Europe et des Amériques. Des représentants de l’Union africaine, de la CPLP (Communauté des pays de langue portugaise), mais aussi des militants de la diaspora ont salué « un acte de justice historique ». Plusieurs colloques et expositions itinérantes sont prévus dans les mois à venir, à Lisbonne, Bissau, Dakar et Paris.

L’UNESCO a inscrit ce fonds au registre « Mémoire du monde », reconnaissant ainsi son importance universelle. Pour la directrice générale, « ces archives sont un patrimoine commun de l’humanité, un pont entre les générations et les continents ».

Défis et perspectives pour la valorisation du patrimoine africain

La numérisation et la mise en ligne de ces archives posent aussi la question de l’accès équitable au savoir. Le Cap-Vert s’est engagé à garantir une consultation gratuite, y compris pour la diaspora et les chercheurs africains. Un portail numérique multilingue sera lancé d’ici la fin de l’année, avec des outils pédagogiques et des ressources interactives.

Cet événement relance aussi le débat sur la restitution des archives africaines détenues en Europe, en particulier au Portugal. Les autorités capverdiennes appellent à une coopération renforcée pour rapatrier d’autres documents essentiels à la mémoire nationale.

Conclusion

À l’heure où le Cap-Vert célèbre son indépendance, la redécouverte des archives d’Amilcar Cabral est bien plus qu’un hommage : c’est un acte fondateur pour la mémoire, l’identité et l’avenir du pays. En éclairant le passé, ces documents ouvrent de nouvelles perspectives pour l’écriture de l’histoire africaine, par et pour les Africains.

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