La CAN 2025, organisée par le Maroc, s’annonce comme un événement bien plus qu’athlétique : catalyseur économique, outil diplomatique et vitrine continentale. Avec 24 nations participantes et 1,2 million de billets mis en vente, cette Coupe d’Afrique des Nations vise à renforcer l’image du Maroc comme hub sportif africain, tout en générant des retombées estimées à 2,4 milliards de dollars. Dans un contexte de rivalités géopolitiques et de défis logistiques, cette édition incarne les ambitions et les contradictions du sport africain.
Infrastructures : modernité et héritage durable
Le Maroc mise sur des stades high-tech, dont le Complexe Mohammed VI à Rabat (capacité 65 000 places), équipé de technologies solaires et de systèmes de recyclage d’eau. Ces infrastructures, financées à hauteur de 600 millions de dollars via des partenariats public-privé, devraient générer 12 000 emplois directs pendant le tournoi. L’enjeu post-CAN est crucial : éviter les « éléphants blancs » en reconvertissant les sites en centres polyvalents (sport, culture, éducation), comme prévu à Marrakech et Tanger.
Diplomatie sportive : soft power et tensions régionales
La CAN 2025 s’inscrit dans la stratégie marocaine de leadership continental, face à des concurrents comme l’Égypte ou l’Afrique du Sud. En accueillant l’événement, Rabat renforce ses alliances avec la CAF (Confédération Africaine de Football) et l’UA, tout en attirant des investisseurs étrangers dans le tourisme et l’immobilier. Cependant, des tensions subsistent : l’Algérie, absente de l’organisation, critique les dépenses « excessives » du Maroc, révélant des rivalités persistantes au Maghreb.
Impact économique : au-delà du PIB
Outre les retombées directes (hôtellerie, transports, médias), le Maroc espère un « effet Coupe du Monde », similaire à celui du Qatar en 2022. Les secteurs clés bénéficiaires :
- Tourisme : Objectif de 2,5 millions de visiteurs supplémentaires en 2025, avec des packages combinant matchs et circuits culturels (Fès, Casablanca).
- Technologie : Déploiement de la 5G dans les stades et partenariats avec des startups locales (e-ticketing, réalité augmentée).
- Agriculture : Promotion des produits locaux (huile d’argan, dattes) via des partenariats avec les sponsors officiels.
Défis sociaux et environnementaux
L’événement n’échappe pas aux critiques. Des ONG dénoncent les expropriations foncières autour des sites de construction, tandis que le syndicat des travailleurs du BTP réclame de meilleures conditions salariales. Sur le plan écologique, le Maroc promet une CAN « zéro carbone », avec des stades alimentés à 70 % en énergies renouvelables et un système de compensation carbone via des projets de reforestation dans l’Atlas.
Perspectives : un modèle pour l’Afrique ?
Si la CAN 2025 réussit son pari, elle pourrait inspirer d’autres pays africains à miser sur le sport comme levier de développement. Des pays comme le Sénégal ou le Kenya, candidats à l’organisation de futures CAN, observent attentivement le modèle marocain. Pour l’UA, cet événement est l’occasion de promouvoir une vision panafricaine du sport, combinant performance athlétique, inclusion sociale et rentabilité économique.