Burkina Faso : plan national de lutte contre l’insécurité alimentaire face au dérèglement climatique

Burkina Faso : une stratégie nationale d’urgence pour briser le cycle de la faim dans un pays vulnérable au climat

L’alerte est donnée : le Burkina Faso à l’épreuve de la faim chronique

Le gouvernement du Burkina Faso, confronté à une crise humanitaire profonde, vient d’adopter un plan national d’urgence de lutte contre l’insécurité alimentaire. Selon le Programme Alimentaire Mondial et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation (FAO), près de 4,8 millions de Burkinabè sont en situation de sous-alimentation chronique en 2025, victimes du double effet du changement climatique et de l’insécurité liée au conflit armé dans le nord et l’est du pays.

L’exécutif pose en priorité la sécurité alimentaire comme enjeu de stabilité nationale, alors que le Sahel est au centre d’une crise multidimensionnelle touchant plus de 30 millions de personnes sur la sous-région.

Le climat, ennemi numéro un d’une agriculture fragile

Le réchauffement accéléré a bouleversé le calendrier agricole du Burkina Faso. Sécheresses répétées, inondations inhabituelles, appauvrissement des sols : voilà le quotidien des producteurs ruraux. Les rendements en mil, maïs et sorgho chutent, l’élevage souffre de la raréfaction des pâturages, et la pression démographique aggrave la déforestation et l’épuisement de la ressource.

L’initiative gouvernementale prévoit donc une réponse à plusieurs niveaux :

  • Distribution directe de vivres et bons alimentaires pour les populations les plus vulnérables,
  • Soutien à l’agriculture familiale et accès facilité aux semences résilientes et aux engrais organiques,
  • Relance de la gestion communautaire de l’eau et des projets de micro-irrigation là où les pluies sont insuffisantes,
  • Réhabilitation des pistes rurales pour faciliter la distribution alimentaire.

Une menace aggravée par le conflit et la mobilité des populations

L’insécurité sur fond de groupes armés entrave la mise en œuvre des plans. De vastes zones agricoles du nord et de l’est sont quasi inaccessibles à l’État comme aux humanitaires. Le déplacement massif des populations désorganise la production, fragmente les marchés locaux et accentue la vulnérabilité des femmes et des enfants.

Selon l’UNICEF, la malnutrition aiguë touche désormais 15 % des enfants de moins de 5 ans dans certaines provinces, un record alarmant.

Le rôle stratégique des partenaires internationaux et des ONG locales

Le plan d’urgence burkinabè ne saurait aboutir sans l’appui technique et financier des partenaires internationaux : la Banque mondiale, la BAD et l’UE ont débloqué des aides ciblées pour relancer la production vivrière, financer des filets sociaux et renforcer les dispositifs d’alerte précoce. Les ONG humanitaires et associations agricoles sont mobilisées pour la distribution, la formation aux bonnes pratiques et la sécurisation de la chaîne logistique.

Adapter l’agriculture au climat : pistes d’innovation et de résilience

Pour briser le cycle de la faim, plusieurs solutions émergent :

  • Promotion de variétés agricoles adaptées à la sécheresse,
  • Introduction de techniques agroécologiques : zaï, demi-lunes, bocage sahélien,
  • Gestion communautaire des puits, récupération et stockage d’eau de pluie,
  • Diversification des cultures pour pallier la dépendance aux céréales traditionnelles,
  • Valorisation de l’élevage ovin et caprin, plus résistant à la sécheresse.

Des fermes-pilotes et incubateurs agricoles illustrent cette volonté d’innovation, soutenue en partie par la diaspora burkinabè.

L’insécurité alimentaire : une question politique et citoyenne

Le plan du gouvernement mise aussi sur la responsabilisation des communautés. Les comités locaux de sécurité alimentaire, composés d’agriculteurs, de chefs coutumiers et de représentants de femmes, sont désormais impliqués dans la gouvernance et le suivi de l’aide pour garantir transparence et efficacité.

Vers une sortie de crise durable ?

La guerre contre la faim ne sera gagnée que par la convergence de politiques publiques volontaristes, d’une implication communautaire et d’un appui international sans faille. Les perspectives restent fragiles, mais les succès de certains villages ayant vaincu la malnutrition par l’innovation agroécologique montrent qu’un autre Burkina Faso est possible.

Conclusion : urgence et espoir dans la résilience sahélienne

L’initiative nationale burkinabè, si elle se concrétise sur toute la chaîne, pourrait servir de modèle pour d’autres pays du Sahel confrontés au même danger. Entre urgence et invention, l’Afrique sahélienne se bat pour faire de l’insécurité alimentaire un risque du passé.

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