Les trois pays sahéliens, Burkina Faso, Mali et Niger, ont franchi une étape majeure dans leur retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Lors d’une réunion tenue à Ouagadougou ce week-end, ils ont acté la feuille de route de leur sortie officielle, prévue pour la fin janvier 2026, afin de s’unir dans une nouvelle alliance régionale, la Confédération des États du Sahel (CES).
Ce divorce politique découle d’une fracture profonde avec la CEDEAO, accusée d’ingérence et de partialité, notamment après les sanctions imposées suite aux coups d’État successifs dans ces pays. Les dirigeants sahéliens revendiquent désormais une plus grande autonomie stratégique et souhaitent bâtir une coopération régionale fondée sur leurs intérêts propres, en rupture avec l’influence occidentale africaine traditionnelle.
La réunion a été marquée par un consensus rare entre les trois États, qui entendent conjurer les défis sécuritaires, économiques et sociaux dans une zone en proie à des insurrections djihadistes et à une crise humanitaire persistante. La future confédération vise à renforcer la coopération militaire, la libre circulation des personnes et des biens, et à favoriser un développement économique endogène.
Cette initiative suscite des réactions contrastées. Au sein de la CEDEAO, la séparation est perçue comme un coup dur à l’intégration régionale et un risque de fragmentation accrue du continent. Certains pays membres redoutent un effet domino. Sur la scène internationale, la France et l’Union européenne ont exprimé leur préoccupation, invitant au dialogue pour éviter une escalade des tensions.
Malgré ces mises en garde, le Burkina Faso, le Mali et le Niger affichent une fermeté nouvelle dans leur stratégie, refusant toute soumission aux sanctions économiques qu’ils jugent injustes. Ils cherchent en parallèle à renforcer les partenariats avec d’autres acteurs internationaux, notamment la Chine et la Russie, pour soutenir leurs ambitions.
Le retrait de ces trois pays redessine le paysage politique de l’Afrique de l’Ouest et pose la question de l’avenir des organisations régionales africaines face à la montée des mouvements souverainistes et des ruptures diplomatiques.