Introduction
Le Burkina Faso, pays sahélien au cœur de l’Afrique de l’Ouest, traverse une nouvelle zone de turbulences politiques. Alors que la transition militaire menée par le capitaine Ibrahim Traoré promettait stabilité et sécurité, une série d’arrestations d’officiers de l’armée ravive les craintes d’un nouveau coup d’État. Dans un contexte régional marqué par l’instabilité, cette actualité soulève de nombreuses questions sur la cohésion des forces armées, la solidité du régime et l’avenir démocratique du pays.
I. Les faits : une vague d’arrestations qui secoue Ouagadougou
Au cours de la semaine du 15 avril 2025, plusieurs officiers de haut rang ont été interpellés par les services de sécurité burkinabè. Parmi eux, des chefs de corps influents, dont certains étaient déjà sous surveillance pour leur proximité avec des réseaux soupçonnés de fomenter une déstabilisation du régime.
Selon des sources militaires, ces arrestations font suite à la découverte de communications suspectes et de réunions clandestines. Le gouvernement de transition, tout en gardant le secret sur l’enquête, affirme avoir agi pour « prévenir toute tentative de remise en cause de l’ordre constitutionnel de la transition ».
II. Un contexte politique et sécuritaire explosif
2.1. La transition sous la menace permanente
Depuis le coup d’État de septembre 2022 qui a porté le capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir, le Burkina Faso vit sous régime militaire. La transition s’est donnée pour mission de restaurer la sécurité face à la menace djihadiste, de réformer l’État et d’organiser des élections à l’horizon 2025. Mais la défiance reste forte, tant au sein de l’armée que dans la société civile.
2.2. L’armée, pilier fragile du régime
L’histoire récente du Burkina Faso est marquée par une succession de coups d’État et de mutineries. La cohésion des forces armées est régulièrement mise à l’épreuve par des rivalités internes, des frustrations liées aux affectations et à la gestion des opérations contre les groupes armés, et des ambitions personnelles.
2.3. Un climat régional délétère
Le Burkina Faso n’est pas un cas isolé : le Mali, le Niger et la Guinée ont également connu des transitions militaires récentes, souvent fragilisées par des tentatives de putsch et des divisions internes. Cette instabilité régionale complique la gestion des alliances et la lutte contre le terrorisme.
III. La réaction du pouvoir et de la société
3.1. Un message de fermeté
Le capitaine Traoré a rapidement remplacé les officiers arrêtés et appelé à l’unité des forces armées. Dans un communiqué, le gouvernement affirme que « toute tentative de déstabilisation sera sanctionnée avec la plus grande rigueur ». Ce message vise à rassurer la population et à décourager d’éventuels comploteurs.
3.2. La société civile entre soutien et inquiétude
Si une partie de la société civile soutient la lutte contre la corruption et la discipline au sein de l’armée, d’autres voix s’inquiètent d’une dérive autoritaire et d’une instrumentalisation de la justice militaire pour éliminer les opposants internes.
3.3. La communauté internationale en observation
Les partenaires du Burkina Faso, notamment la CEDEAO et l’Union africaine, suivent de près l’évolution de la situation. Ils rappellent l’importance du respect du calendrier de transition et de la préparation d’élections crédibles.
IV. Les enjeux pour l’avenir de la transition
4.1. Stabilité ou nouveau cycle de putschs ?
La capacité du régime à maintenir la cohésion de l’armée et à prévenir les divisions internes sera déterminante pour la stabilité du pays. Un nouvel épisode de coup d’État risquerait de plonger le Burkina Faso dans l’incertitude et d’affaiblir la lutte contre le terrorisme.
4.2. Le défi de la confiance
La réussite de la transition dépendra aussi de la capacité du pouvoir à instaurer un climat de confiance avec la société civile, les partis politiques et les partenaires internationaux.
Conclusion
Les arrestations d’officiers au Burkina Faso rappellent la fragilité des transitions militaires en Afrique de l’Ouest. Si le capitaine Traoré veut tenir sa promesse de restaurer la sécurité et de rendre le pouvoir aux civils, il devra garantir l’unité de l’armée, la transparence du processus et l’inclusivité du dialogue national. L’avenir du Burkina Faso se joue, plus que jamais, dans la capacité de ses dirigeants à éviter le piège des divisions internes et à préparer un retour durable à la démocratie.