Une attaque sanglante dans l’État de Borno
Le nord-est du Nigeria a une nouvelle fois été frappé par la violence du groupe djihadiste Boko Haram. Dans la nuit du 26 au 27 mai 2025, des combattants lourdement armés ont attaqué le village de Gubio, dans l’État de Borno, faisant au moins 27 morts et une quinzaine de blessés, selon un bilan provisoire communiqué par les autorités locales. Les assaillants ont incendié des habitations, pillé des commerces et emporté du bétail, avant de disparaître dans la brousse.
Le mode opératoire de Boko Haram
Selon des témoins, l’attaque a été menée avec une extrême brutalité. Les assaillants, arrivés à moto et à bord de pick-ups, ont ouvert le feu sur les habitants, pris par surprise alors qu’ils dormaient. Plusieurs maisons ont été incendiées, et les survivants décrivent une scène de chaos : « Ils sont venus vers minuit, ont tiré sur tout ce qui bougeait, puis ont mis le feu aux maisons. Nous avons fui dans la forêt », témoigne un rescapé.
Boko Haram a revendiqué l’attaque dans un message diffusé sur ses canaux habituels, affirmant avoir « puni des collaborateurs de l’armée nigériane ». Ce mode opératoire – attaque nocturne, usage d’armes automatiques, incendies volontaires – est caractéristique du groupe, qui multiplie les raids contre les villages isolés pour terroriser la population et affaiblir l’État.
Un contexte sécuritaire extrêmement tendu
L’État de Borno, épicentre de l’insurrection djihadiste depuis 2009, reste la région la plus touchée par les violences. Malgré les opérations militaires menées par l’armée nigériane, Boko Haram et sa faction dissidente, l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), conservent une capacité de nuisance élevée. Les attaques contre les civils, les enlèvements et les pillages sont quasi quotidiens.
La population vit dans la peur : plus de 2 millions de personnes sont déplacées internes dans la région, et l’accès humanitaire reste très limité en raison de l’insécurité. Les ONG dénoncent une crise humanitaire majeure, aggravée par la faim, les épidémies et le manque d’accès aux soins.
Les réactions des autorités et de la communauté internationale
Le président nigérian Bola Tinubu a condamné l’attaque « barbare » et promis une riposte « implacable ». Il a ordonné le déploiement de renforts militaires et la mise en place de patrouilles dans les zones rurales. Mais sur le terrain, les habitants expriment leur lassitude face à l’incapacité de l’État à les protéger.
La communauté internationale, par la voix de l’Union africaine et de l’ONU, a exprimé sa solidarité avec le Nigeria et appelé à une intensification de la coopération régionale pour lutter contre le terrorisme. Les pays voisins (Niger, Tchad, Cameroun) sont eux aussi confrontés à la menace djihadiste, qui déborde largement les frontières nigérianes.
Les enjeux de la lutte contre Boko Haram
Malgré les succès militaires ponctuels, Boko Haram reste une menace persistante. Le groupe s’appuie sur des réseaux locaux, le trafic d’armes et l’exploitation des tensions communautaires. Les experts soulignent la nécessité d’une approche globale : action militaire, mais aussi développement économique, éducation, dialogue communautaire et lutte contre la corruption.
Les initiatives de déradicalisation et de réinsertion des ex-combattants, soutenues par des ONG et des agences onusiennes, peinent à porter leurs fruits face à la pauvreté et à l’absence de perspectives pour la jeunesse.
Conclusion
L’attaque meurtrière de Gubio rappelle la réalité brutale du quotidien dans le nord-est du Nigeria. Face à la résilience de Boko Haram, la réponse doit être à la fois sécuritaire, sociale et politique. Pour les populations locales, l’urgence est de retrouver la sécurité et l’espoir d’un avenir meilleur.