Alors que les crypto-monnaies et la blockchain gagnent du terrain en Afrique, ces technologies redessinent les paysages économiques et sociaux du continent. Avec 35 % des transactions crypto mondiales impliquant des utilisateurs africains (chiffres 2025), l’Afrique devient un laboratoire de la finance décentralisée, malgré des risques de fraude et une régulation balbutiante.
Crypto-monnaies : contourner les systèmes bancaires défaillants
Au Nigeria et Kenya, le Bitcoin et l’Ethereum sont utilisés pour :
- Envoyer des transferts d’argent à moindre coût (frais réduits de 50 % vs Western Union).
- Lutter contre l’inflation : Face à la dépréciation du naira et du shilling, les stablecoins (USDT, USDC) servent de valeurs refuges.
- Faciliter le commerce transfrontalier : Des plateformes comme Paxful permettent aux commerçants d’échanger des crypto contre des biens sans devises fortes.
Blockchain : au-delà de la finance
Les applications se diversifient :
- Santé : Au Rwanda, les dossiers médicaux sont sécurisés sur blockchain pour éviter les falsifications.
- Agriculture : La start-up AgriChain (Afrique du Sud) traque l’origine du café et du cacao, garantissant des primes équitables aux producteurs.
- Élections : La Sierra Leone teste un système de vote blockchain pour réduire les fraudes électorales.
Risques et dérives : l’envers du décor
La frénésie crypto cache des dangers :
- Arnaques et pyramides de Ponzi : Des millions de Nigérians ont perdu des économies dans des schémas comme MMM Global ou OneCoin.
- Blanchiment d’argent : L’absence de régulation en Somalie ou au Liberia en fait des paradis pour les transactions illicites.
- Impact énergétique : Les fermes de minage au Tchad et Côte d’Ivoire alourdissent la pression sur des réseaux électriques déjà fragiles.
Régulation : entre innovation et contrôle
Les gouvernements tâtonnent :
- Interdictions partielles : Le Nigeria a banni les transactions crypto via les banques, mais autorise les portefeuilles peer-to-peer.
- Encadrement proactif : L’Afrique du Sud classe les crypto-actifs comme produits financiers, imposant des déclarations fiscales.
- Monnaies digitales nationales : Le e-Naira (Nigeria) et le e-Cedi (Ghana) visent à concurrencer les crypto tout en gardant le contrôle monétaire.
Perspectives : vers une finance inclusive et sécurisée ?
Pour maximiser les bénéfices des crypto et blockchain, l’Afrique doit :
- Éduquer les populations aux risques et usages responsables via des campagnes massives.
- Harmoniser les régulations à l’échelle continentale, via des cadres comme la Stratégie Fintech de l’UA.
- Investir dans les infrastructures numériques (5G, cloud) pour supporter les transactions blockchain.
En conclusion, l’Afrique expérimente une révolution financière sans précédent. Si les risques sont réels, ces technologies pourraient enfin inclure des millions de « non-bancarisés » dans l’économie formelle – à condition d’éviter les pièges de la spéculation et de la cybercriminalité.