Le Bénin vient de franchir une étape historique dans la valorisation de son patrimoine culturel, avec l’inauguration à Cotonou d’un musée national consacré aux 26 œuvres d’art restituées par la France en 2021. Ce lieu, conçu comme une vitrine symbolique et pédagogique, marque la volonté du pays de replacer sa mémoire artistique au cœur de son identité nationale et de son rayonnement international.
Un retour très attendu
Pendant plus d’un siècle, les trésors royaux d’Abomey, parmi lesquels les trônes, autels portatifs et statues sacrées, étaient conservés au Quai Branly, à Paris. Leur restitution en 2021 a été saluée comme une avancée majeure dans le dossier des restitutions, même si elle ne représente qu’une infime partie des milliers d’objets africains encore conservés en Europe.
L’inauguration du musée de Cotonou symbolise donc à la fois un triomphe diplomatique et une victoire identitaire pour le Bénin.
Une architecture et un récit modernes
Le nouveau musée mêle modernité et tradition. Inspirée par les motifs du royaume d’Abomey, sa structure adopte une approche immersive permettant aux visiteurs de comprendre l’histoire coloniale et le parcours des œuvres. Les dispositifs numériques et interactifs expliquent le contexte du pillage au XIXe siècle et les enjeux contemporains de la restitution.
Une fierté nationale et une mission éducative
Pour le gouvernement béninois, ce musée doit permettre à une nouvelle génération de renouer avec ses racines culturelles. Les écoles et universités seront associées pour intégrer la visite des collections dans les programmes. Les autorités veulent faire du lieu un outil de transmission intergénérationnelle.
Une vitrine diplomatique
La restitution et la mise en valeur de ces œuvres renforcent aussi la diplomatie béninoise. Le président Patrice Talon souhaite désormais obtenir le retour de centaines d’autres pièces patrimoniales. Le Bénin entend se placer en éclaireur dans la bataille panafricaine pour la reconnaissance des spoliations coloniales.
Un message pour toute l’Afrique
L’ouverture de ce musée matérialise la volonté des pays africains de récupérer la maîtrise de leur patrimoine et de se réapproprier une mémoire longtemps occultée. De Dakar à Kinshasa, de nouveaux musées sont annoncés, profitant de l’élan déclenché par le Bénin.