Bénin – Filière karité : vers un partenariat gagnant-gagnant pour les producteurs locaux

La filière karité, véritable or vert de l’Afrique de l’Ouest, traverse une période de mutation décisive. Au Bénin, comme dans de nombreux pays producteurs, les acteurs publics et privés s’activent pour redéfinir les règles du jeu. Objectif : garantir un modèle plus équitable, où les communautés rurales, principales productrices, tirent enfin profit de la richesse de ce secteur en pleine croissance mondiale.

Le karité, une ressource stratégique pour l’Afrique de l’Ouest

Le karité (Vitellaria paradoxa) est un arbre emblématique des savanes africaines. Son fruit, dont on extrait le fameux beurre de karité, est utilisé depuis des siècles dans l’alimentation, la pharmacopée traditionnelle et surtout la cosmétique. Aujourd’hui, le beurre de karité est un ingrédient recherché par les plus grandes marques internationales, de la beauté à l’agroalimentaire.

Le Bénin, avec ses voisines Burkina Faso, Mali, Ghana et Côte d’Ivoire, fait partie des principaux pays producteurs. Selon l’Alliance Globale du Karité, la filière fait vivre plus de 16 millions de femmes en Afrique de l’Ouest, qui récoltent, transforment et commercialisent ce produit. Pourtant, la majorité d’entre elles restent cantonnées aux tâches les moins rémunératrices et subissent les aléas d’un marché dominé par les acheteurs étrangers.

Des défis structurels à relever

La filière karité béninoise fait face à plusieurs défis : faiblesse des infrastructures, manque de financement, accès limité à la formation et à la technologie, volatilité des prix, absence de normes de qualité harmonisées. Les intermédiaires captent une grande partie de la valeur ajoutée, laissant les productrices dans la précarité.

En 2024, la filière a traversé une crise majeure : baisse de la demande internationale, chute des prix, difficultés logistiques liées à la pandémie et aux conflits régionaux. Cette situation a mis en lumière la fragilité du modèle actuel et l’urgence de réformes structurelles.

Vers un partenariat gagnant-gagnant

Face à ce constat, le Bénin a accueilli en mai 2025 un sommet réunissant producteurs, coopératives, ONG, entreprises locales et multinationales. L’objectif : établir un nouveau contrat social pour la filière karité. Plusieurs pistes ont été évoquées :

  • Valorisation locale : encourager la transformation sur place pour créer de l’emploi et augmenter la part de valeur captée localement ;
  • Certification et traçabilité : mettre en place des labels qualité pour accéder à des marchés premium et garantir des pratiques durables ;
  • Renforcement des coopératives féminines : former, financer et accompagner les groupements de productrices pour qu’elles négocient de meilleurs contrats ;
  • Dialogue avec les industriels : instaurer une transparence sur les prix, les marges et les conditions d’achat.

Des initiatives pilotes, soutenues par la Banque africaine de développement et des ONG internationales, commencent à porter leurs fruits. Certaines coopératives béninoises exportent désormais du beurre de karité bio sous leur propre marque, avec des retombées directes pour les villages.

Un enjeu de souveraineté économique et de justice sociale

La bataille du karité dépasse la simple question agricole. Elle pose celle de la souveraineté économique des pays africains, de la justice sociale pour les femmes rurales et de la transition vers des modèles plus durables. Le karité est aussi un symbole : celui d’une Afrique qui refuse d’être cantonnée au rôle de fournisseur de matières premières brutes et qui entend maîtriser sa chaîne de valeur.

Pour réussir, la filière devra relever plusieurs défis : structurer l’offre, investir dans la formation, renforcer les infrastructures, mais aussi convaincre les grandes marques internationales d’accepter un partage plus équitable des bénéfices.

Conclusion

Le karité béninois, à la croisée des chemins, incarne les espoirs et les défis d’une Afrique en quête de justice économique et d’émancipation. Le partenariat gagnant-gagnant, s’il se concrétise, pourrait servir de modèle à d’autres filières agricoles et inspirer une nouvelle génération d’entrepreneurs africains.

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