arrestation de militants pro-palestiniens en Égypte avant une marche à Gaza ; tensions diplomatiques et droits humains en question

Un climat de tension avant la marche

Le Caire, juin 2025. À la veille d’une grande marche de solidarité prévue en direction de la bande de Gaza, les autorités égyptiennes ont procédé à l’arrestation d’au moins 40 militants pro-palestiniens, dont plusieurs figures de la société civile et des étudiants. Cette vague d’arrestations, largement relayée sur les réseaux sociaux, intervient dans un contexte régional explosif marqué par la reprise des hostilités entre Israël et le Hamas, et la montée des mobilisations pro-palestiniennes dans le monde arabe.

Répression et contrôle sécuritaire

Depuis le début de l’année, l’Égypte, traditionnel médiateur entre Israël et les factions palestiniennes, surveille de près toute manifestation de soutien à Gaza. Les services de sécurité ont renforcé la présence policière autour des universités, des mosquées et des places publiques du Caire, d’Alexandrie et d’Ismaïlia.
Selon des ONG locales, les personnes arrêtées sont accusées « d’incitation à la désobéissance », de « propagation de fausses informations » et de « participation à un rassemblement non autorisé ».

Des avocats de la défense dénoncent des détentions arbitraires et l’absence d’accès à un conseil juridique.

« L’État égyptien veut empêcher toute contestation de sa politique étrangère, mais aussi tout débordement susceptible de fragiliser le régime », analyse un chercheur du Cairo Institute for Human Rights Studies.

La question palestinienne, un enjeu national

En Égypte, la cause palestinienne bénéficie d’un large soutien populaire, hérité de décennies de solidarité panarabe. Mais le régime du président Abdel Fattah al-Sissi, soucieux de préserver ses relations avec Israël et les États-Unis, redoute que la mobilisation ne se transforme en contestation politique.

Les médias officiels appellent au « calme » et mettent en avant le rôle de l’Égypte comme « garant de la paix ». Mais sur les réseaux sociaux, les hashtags #FreePalestine et #SolidaritéGaza sont en tête des tendances, et des vidéos de manifestations dispersées circulent malgré la censure.

Droits humains sous pression

Les organisations de défense des droits humains, dont Human Rights Watch et Amnesty International, dénoncent une nouvelle vague de répression contre la liberté d’expression et de réunion.
Depuis 2013, l’Égypte est régulièrement critiquée pour ses atteintes aux libertés publiques : plus de 60 000 prisonniers politiques seraient actuellement détenus dans le pays.

La Commission africaine des droits de l’homme a appelé Le Caire à « respecter ses engagements internationaux » et à libérer les militants arrêtés.

« La solidarité avec Gaza ne doit pas servir de prétexte à la répression des voix dissidentes », souligne un communiqué commun de plusieurs ONG africaines.

Tensions diplomatiques et calculs régionaux

Cette vague d’arrestations intervient alors que l’Égypte cherche à maintenir son statut de médiateur incontournable dans le conflit israélo-palestinien. Le gouvernement égyptien a récemment accueilli des délégations du Hamas et d’Israël pour des négociations indirectes sur un cessez-le-feu.

Mais la situation intérieure complique la tâche du Caire. La montée de la contestation, même limitée, met en lumière le malaise d’une partie de la jeunesse égyptienne, frustrée par le manque de libertés et la crise économique.

Analyse et perspectives

L’arrestation de militants pro-palestiniens en Égypte illustre la fragilité de l’équilibre entre solidarité régionale, contrôle politique et enjeux diplomatiques. Si la répression risque de décourager les mobilisations à court terme, elle pourrait aussi renforcer la défiance d’une partie de la société civile envers le régime.

À l’approche de nouveaux sommets internationaux sur la paix au Proche-Orient, la question des droits humains en Égypte risque de s’inviter à l’agenda diplomatique, malgré les réticences des grandes puissances à critiquer un partenaire stratégique.

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