Après un coup d’État déjoué, Ouagadougou cherche de nouveaux alliés, l’Iran en ligne de mire

In this video grab taken from a footage of AFPTV the new self-proclaimed leader of the military junta ruling Burkina Faso, Captain Ibrahim Traoré (C), parades in the streets of Ouagadougou and hails the cheering crowd on October 2, 2022. Burkina Faso's new self-proclaimed putsch leader called for an end to violence against French targets, after a series of attacks against buildings linked to the former colonial power. - "Things are progressively returning to order, so we urge you to freely go about your business and to refrain from any act of violence and vandalism... notably those that could be perpetrated against the French embassy and the French military base," an officer said, reading on television from a statement from Captain Ibrahim Traore, who stood by his side. Traore was proclaimed Burkina's new ruler in the wake of a claimed coup on Friday. (Photo by Idrissa OUEDRAOGO and Adama OUEDRAOGO / AFPTV / AFP)

Une tentative de coup d’État avortée : le Burkina Faso sur le fil

Le Burkina Faso, déjà fragilisé par l’instabilité politique et la menace jihadiste, a connu début mai 2025 une nouvelle tentative de coup d’État, rapidement déjouée par les autorités de transition. Selon le gouvernement, des militaires dissidents auraient planifié de renverser le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, en s’appuyant sur des réseaux internes et des complicités étrangères. Plusieurs arrestations ont eu lieu et une enquête a été ouverte, tandis que le climat reste tendu à Ouagadougou.

Un contexte politique explosif

Depuis le renversement du président Roch Marc Christian Kaboré en 2022, le Burkina Faso vit sous régime militaire, avec une transition prolongée et des institutions fragilisées. Les promesses de retour à l’ordre constitutionnel peinent à se concrétiser, alors que la population subit l’insécurité, la crise économique et les tensions communautaires. La multiplication des tentatives de putsch témoigne de la fragilité du pouvoir et de la défiance d’une partie de l’armée et de la société civile.

La quête de nouveaux partenaires stratégiques

Face à l’isolement croissant sur la scène internationale, notamment après la suspension du Burkina Faso de la CEDEAO et la réduction de l’aide occidentale, le gouvernement de transition multiplie les démarches pour diversifier ses alliances. Ces derniers mois, Ouagadougou s’est rapproché de la Russie, de la Chine, mais aussi de l’Iran, dans une logique de « souveraineté retrouvée » et de recherche de partenaires moins exigeants sur la question des droits humains.

L’Iran, un allié inattendu

La visite d’une délégation burkinabè à Téhéran en avril 2025 a marqué un tournant. Les deux pays ont signé des accords de coopération dans les domaines de la sécurité, de l’agriculture et de l’énergie. L’Iran propose une assistance militaire, la fourniture d’équipements et un soutien en matière de renseignement, en échange de contrats miniers et d’un accès privilégié au marché burkinabè.

Les enjeux sécuritaires et économiques

  • Lutte contre le terrorisme : Le Burkina Faso espère bénéficier de l’expérience iranienne en matière de guerre asymétrique et de formation des forces spéciales.
  • Développement agricole et énergétique : Téhéran promet des investissements dans l’irrigation, les infrastructures et l’électrification rurale.
  • Indépendance stratégique : En diversifiant ses alliances, Ouagadougou cherche à réduire sa dépendance à l’égard des partenaires occidentaux et à s’affirmer sur la scène africaine.

Les réactions régionales et internationales

  • CEDEAO et Union africaine : Inquiétudes face à l’éloignement du Burkina Faso des standards démocratiques et à la montée des influences extra-africaines.
  • France et États-Unis : Réduction de l’aide, suspension de certains programmes de coopération et critiques sur la répression des opposants.
  • Population burkinabè : Entre espoir d’une sécurité retrouvée et crainte d’un isolement accru, l’opinion est divisée sur la stratégie du gouvernement.

Quels risques et quelles perspectives ?

Le rapprochement avec l’Iran n’est pas sans risques : il pourrait accentuer les tensions avec les partenaires traditionnels, compliquer l’accès à l’aide internationale et exposer le pays à de nouvelles ingérences. Mais il traduit aussi la volonté du Burkina Faso de reprendre la main sur son destin, dans un contexte régional marqué par la montée des régimes militaires et la redéfinition des alliances.

Conclusion

Après un coup d’État déjoué, le Burkina Faso cherche à consolider son pouvoir et à diversifier ses alliances, l’Iran devenant un partenaire clé dans cette stratégie. Entre quête de sécurité, besoin de développement et affirmation de souveraineté, le pays joue une partie risquée dont l’issue dépendra de sa capacité à équilibrer ses intérêts nationaux et ses engagements internationaux.

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