L’Algérie secouée par une nouvelle vague de contestation étudiante
Depuis début mai 2025, l’Algérie est le théâtre de manifestations étudiantes d’une ampleur inédite depuis le Hirak. De Constantine à Alger, en passant par Oran et Tizi Ouzou, des milliers d’étudiants, enseignants et personnels universitaires défilent chaque semaine pour protester contre la réforme du système universitaire annoncée par le gouvernement. Cette mobilisation, qui prend de l’ampleur, met le pouvoir sous pression et rappelle la capacité de la jeunesse algérienne à peser sur le débat national.
Une réforme universitaire contestée sur le fond et la forme
Le projet de réforme, porté par le ministère de l’Enseignement supérieur, prévoit :
- L’introduction de frais d’inscription dans certaines filières,
- La réduction du nombre de bourses,
- L’alignement des cursus sur les standards européens,
- La privatisation partielle de services universitaires (restauration, hébergement).
Pour les étudiants, ces mesures constituent une remise en cause du principe de gratuité de l’enseignement supérieur, un acquis historique du modèle algérien. Beaucoup dénoncent aussi l’absence de concertation, la précipitation du calendrier et le risque de creuser les inégalités sociales.
Une jeunesse mobilisée pour la justice sociale et l’avenir du pays
Les slogans des manifestations sont clairs : « Non à la marchandisation de l’université ! », « Égalité des chances pour tous ! », « L’université n’est pas une entreprise ! ». Les étudiants réclament l’abandon de la réforme, l’amélioration des conditions d’études, la revalorisation des bourses et un plan d’investissement massif dans l’enseignement supérieur.
Les syndicats enseignants soutiennent le mouvement, dénonçant la précarité des personnels, la surcharge des amphis et le manque de moyens pour la recherche.
Le gouvernement face à la rue : hésitations et tentatives d’apaisement
Le gouvernement algérien, déjà fragilisé par les tensions économiques et sociales, tente de désamorcer la crise. Le Premier ministre a annoncé la suspension temporaire de certains volets de la réforme et l’ouverture d’un dialogue avec les organisations étudiantes. Mais la défiance reste forte, alimentée par la mémoire du Hirak et la crainte d’une répression.
Des arrestations ont eu lieu lors de certains rassemblements, suscitant l’indignation sur les réseaux sociaux. Les médias indépendants relaient largement les revendications des étudiants, tandis que la presse officielle appelle au calme et à la responsabilité.
Un enjeu de société et de développement pour l’Algérie
La crise universitaire pose la question du modèle de développement algérien : comment concilier l’accès de masse à l’enseignement supérieur, la qualité des formations et l’adaptation aux besoins du marché du travail ? Le chômage des diplômés, déjà élevé, alimente la frustration et l’émigration des jeunes talents vers l’Europe ou le Golfe.
Les experts appellent à une réforme concertée, fondée sur le dialogue, l’investissement dans la recherche et l’ouverture à l’innovation pédagogique.
Perspectives et scénarios pour la suite
- Abandon partiel de la réforme : Sous la pression, le gouvernement pourrait renoncer à certains volets controversés.
- Radicalisation du mouvement : Si la répression s’accentue, la contestation pourrait s’étendre à d’autres secteurs (lycéens, enseignants, chômeurs).
- Dialogue national : Une concertation élargie pourrait déboucher sur un pacte pour l’université, associant étudiants, enseignants et société civile.
Conclusion : L’université, miroir des aspirations de la jeunesse algérienne
La mobilisation étudiante en Algérie est le signe d’une jeunesse consciente, exigeante et déterminée à défendre ses droits. L’avenir de l’université algérienne, et plus largement du pays, dépendra de la capacité du pouvoir à écouter, dialoguer et réformer sans brutalité.