Paludisme en Afrique : une résurgence préoccupante selon l’OMS
Le paludisme, maladie parasitaire transmise par les moustiques, reste l’un des plus grands fléaux sanitaires du continent africain. Selon le dernier rapport publié par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’année 2025 marque une recrudescence inquiétante des cas et des décès liés au paludisme en Afrique subsaharienne. Face à cette menace, plusieurs pays africains ont lancé ou accéléré des campagnes de vaccination de masse, misant sur les nouveaux vaccins pour inverser la tendance et sauver des milliers de vies.
Les chiffres alarmants du paludisme en 2025
Le rapport de l’OMS indique qu’en 2024, plus de 240 millions de cas de paludisme ont été recensés dans le monde, dont 95 % en Afrique. Le continent a enregistré plus de 600 000 décès, la majorité concernant des enfants de moins de cinq ans et des femmes enceintes. Plusieurs pays, dont le Nigeria, la RDC, le Burkina Faso et le Mozambique, concentrent à eux seuls plus de la moitié des cas mondiaux.
En 2025, la tendance ne s’est pas inversée : les premières données montrent une hausse de 8 % du nombre de cas par rapport à l’année précédente, en raison de facteurs multiples : résistance accrue aux insecticides, changements climatiques favorisant la prolifération des moustiques, perturbations des systèmes de santé liées à la pandémie de Covid-19, et difficultés d’accès aux traitements.
Les causes de la recrudescence
Plusieurs raisons expliquent cette résurgence du paludisme en Afrique :
- Résistance aux médicaments : Le parasite Plasmodium falciparum, responsable de la forme la plus grave du paludisme, développe une résistance croissante à l’artémisinine, principal composant des traitements actuels.
- Résistance aux insecticides : Les moustiques vecteurs du paludisme deviennent de plus en plus résistants aux produits utilisés dans les moustiquaires imprégnées et les pulvérisations.
- Changements climatiques : L’augmentation des températures, les épisodes de pluies intenses et l’extension des zones humides favorisent la reproduction des moustiques.
- Défaillances des systèmes de santé : Les conflits, les déplacements de population et les crises économiques limitent l’accès aux soins et à la prévention.
- Effets post-pandémie : La mobilisation contre le Covid-19 a détourné des ressources humaines et financières de la lutte contre le paludisme.
Les nouveaux vaccins : un espoir pour l’Afrique
Face à la montée des cas, l’Afrique a placé de grands espoirs dans les nouveaux vaccins antipaludiques. Le RTS,S/AS01 (Mosquirix), développé par GlaxoSmithKline et approuvé par l’OMS en 2021, est désormais déployé à grande échelle dans plusieurs pays pilotes : Ghana, Kenya, Malawi, Burkina Faso. Un deuxième vaccin, le R21/Matrix-M, développé par l’Université d’Oxford, a reçu une homologation accélérée et commence à être distribué dans certains pays d’Afrique de l’Ouest.
Les campagnes de vaccination ciblent en priorité les enfants de moins de cinq ans, qui représentent la tranche d’âge la plus vulnérable. Selon les premières études, le vaccin permet de réduire de 30 à 50 % le risque de paludisme grave et de décès, en complément des mesures classiques (moustiquaires, traitements préventifs, pulvérisation d’insecticides).
Les défis logistiques et financiers
La mise en œuvre des campagnes de vaccination à grande échelle pose d’importants défis :
- Logistique : Acheminer les doses dans les zones rurales et reculées, former le personnel de santé, assurer la chaîne du froid.
- Financement : Le coût des vaccins reste élevé, même avec le soutien de partenaires internationaux comme Gavi, l’Alliance du Vaccin, l’Unicef et la Banque mondiale.
- Acceptabilité sociale : Certains parents hésitent à faire vacciner leurs enfants, par méfiance ou manque d’information.
- Suivi et évaluation : Il est essentiel de surveiller l’efficacité des vaccins, d’identifier d’éventuels effets secondaires et d’adapter les stratégies en fonction des résultats.
Les initiatives nationales et régionales
Plusieurs pays africains se distinguent par leur engagement dans la lutte contre le paludisme :
- Ghana : Premier pays à introduire le vaccin Mosquirix à grande échelle, avec des résultats encourageants dans la baisse de la mortalité infantile.
- Burkina Faso : Lancement d’une campagne pilote avec le vaccin R21/Matrix-M, combinée à une distribution massive de moustiquaires imprégnées.
- Nigeria : Intensification des campagnes de sensibilisation, renforcement de la surveillance épidémiologique et partenariats avec les ONG locales.
- Afrique de l’Est : Coopération transfrontalière pour lutter contre les flambées épidémiques dans les zones de déplacement de population.
Les réactions et les perspectives
L’OMS, l’Union africaine et de nombreuses ONG saluent les efforts déployés par les pays africains, tout en appelant à une mobilisation internationale accrue. Les experts insistent sur la nécessité de ne pas relâcher la vigilance : le paludisme reste une menace permanente, susceptible de rebondir à la moindre faille dans la prévention.
La recherche se poursuit pour développer des vaccins plus efficaces, des traitements innovants et de nouveaux outils de lutte antivectorielle (pièges à moustiques, modification génétique des insectes).
Conclusion : la lutte contre le paludisme, un combat à poursuivre sans relâche
La recrudescence du paludisme en Afrique rappelle que les progrès sont fragiles et que la mobilisation doit être constante. La vaccination, si elle tient ses promesses, pourrait changer la donne pour des millions d’enfants africains. Mais seule une approche intégrée – prévention, traitement, recherche, financement durable – permettra d’éradiquer ce fléau d’ici 2030, objectif fixé par l’OMS et l’Union africaine.