Le retour du protectionnisme américain bouleverse les échanges globaux
Depuis l’annonce par l’administration américaine de nouveaux droits de douane et de mesures protectionnistes ciblant plusieurs secteurs stratégiques, de nombreux pays africains s’inquiètent des répercussions sur leurs exportations. Les filières du textile, de l’agroalimentaire, des minerais et des produits manufacturés sont particulièrement exposées. Selon la Banque africaine de développement, près de 15 % des exportations africaines vers les États-Unis pourraient être affectées dès le second semestre 2025, mettant en péril des milliers d’emplois et la croissance de plusieurs économies.
Des filières stratégiques fragilisées
Le secteur textile, notamment au Kenya, en Éthiopie et au Lesotho, dépend fortement de l’accès préférentiel au marché américain dans le cadre de l’AGOA (African Growth and Opportunity Act). La remise en cause de ces avantages commerciaux menace la viabilité de nombreuses usines et la stabilité sociale dans les zones industrielles. L’agro-industrie, avec des produits phares comme le cacao ivoirien, le café éthiopien ou les fruits sud-africains, redoute une chute des commandes et une pression accrue sur les prix.
Réactions des gouvernements et stratégies d’adaptation
Face à ce choc, plusieurs gouvernements africains ont entamé des négociations bilatérales pour préserver l’accès à certains marchés ou obtenir des exemptions sectorielles. Des missions diplomatiques se sont rendues à Washington pour plaider la cause de l’Afrique et rappeler l’importance d’un commerce équitable. Parallèlement, les États africains accélèrent la diversification de leurs partenaires commerciaux, en renforçant les liens avec l’Union européenne, la Chine, l’Inde et les pays du Golfe.
L’enjeu de la transformation locale et de la montée en gamme
Les experts insistent sur la nécessité pour l’Afrique de transformer davantage ses matières premières sur place et de monter en gamme dans les chaînes de valeur. La dépendance aux exportations brutes expose le continent aux aléas des politiques économiques étrangères. Le développement de filières industrielles locales, la promotion de l’innovation et l’intégration régionale sont présentés comme des réponses stratégiques à moyen terme.
Risques sociaux et nécessité d’un accompagnement international
La montée du protectionnisme américain risque d’aggraver la précarité dans les secteurs exportateurs et de freiner la lutte contre la pauvreté. Les syndicats et les organisations de la société civile appellent à des mesures d’accompagnement pour les travailleurs affectés et à un dialogue renforcé avec les partenaires internationaux. L’Union africaine demande la mise en place de mécanismes de compensation et de soutien à la reconversion des filières vulnérables.
Vers une refonte des relations commerciales Afrique–États-Unis ?
Ce tournant protectionniste pourrait accélérer la réflexion sur la souveraineté économique africaine et la nécessité de repenser les relations commerciales avec les grandes puissances. Les prochaines négociations de l’AGOA, prévues pour 2026, seront déterminantes pour l’avenir des échanges transatlantiques et la place de l’Afrique dans le commerce mondial.