Dakar, 5 juillet 2025 – Préserver l’histoire africaine à l’ère du numérique
La numérisation du patrimoine documentaire africain est devenue une priorité stratégique pour les États, les institutions culturelles et les chercheurs. Face aux risques de disparition, de dégradation ou d’appropriation extérieure des archives, la valorisation numérique apparaît comme une solution innovante pour préserver la mémoire collective, faciliter l’accès au savoir et renforcer l’identité culturelle du continent.
Un patrimoine riche mais fragile
L’Afrique possède un patrimoine documentaire exceptionnel : manuscrits anciens, archives coloniales, photographies, enregistrements oraux, documents administratifs et culturels. Mais ce patrimoine est souvent dispersé, mal conservé, voire menacé par les conflits, l’humidité, les incendies ou le pillage.
Les archives africaines sont également largement sous-représentées dans les bases de données mondiales, ce qui limite leur visibilité et leur utilisation.
Les initiatives de numérisation se multiplient
Depuis quelques années, plusieurs projets ambitieux ont vu le jour :
- La Bibliothèque nationale du Sénégal a lancé un programme de numérisation de ses collections historiques, en partenariat avec l’UNESCO et des universités européennes.
- La Côte d’Ivoire développe une plateforme numérique pour centraliser les archives coloniales et post-indépendance.
- Le projet « African Memory » vise à créer un portail panafricain regroupant des documents issus de plusieurs pays.
- Des ONG et start-ups innovent dans la numérisation mobile, permettant de préserver les traditions orales et les patrimoines immatériels.
Les bénéfices de la numérisation
La numérisation permet de :
- Protéger les documents originaux en réduisant leur manipulation.
- Faciliter l’accès aux chercheurs, étudiants et grand public, y compris à distance.
- Favoriser la recherche interdisciplinaire et la diffusion des savoirs.
- Renforcer l’éducation et la transmission des cultures africaines.
Défis techniques et humains
La numérisation du patrimoine africain fait face à plusieurs obstacles :
- Manque d’équipements, de financements et de compétences spécialisées.
- Problèmes d’infrastructures numériques, notamment dans les zones rurales.
- Questions juridiques liées aux droits d’auteur, à la propriété intellectuelle et à la souveraineté culturelle.
- Nécessité d’une formation continue des archivistes et conservateurs.
Un enjeu de souveraineté et de développement
Au-delà de la préservation, la numérisation est un enjeu de souveraineté culturelle. Elle permet à l’Afrique de raconter sa propre histoire, de valoriser ses héros, ses langues et ses traditions, et de lutter contre les représentations stéréotypées.
Elle ouvre aussi des perspectives économiques, notamment dans le tourisme culturel, l’édition numérique et les industries créatives.
Conclusion
La numérisation du patrimoine documentaire africain est une urgence et une opportunité. En combinant technologies modernes, expertise locale et coopération internationale, l’Afrique peut préserver sa mémoire collective et construire un avenir culturel riche et inclusif.