La montée d’un scandale sans précédent
L’Afrique du Sud, première économie du continent, connaît depuis plusieurs mois une crise institutionnelle majeure mettant en lumière les liens troubles entre responsables politiques, hauts cadres policiers et réseaux criminels. Ce scandale a éclaté au grand jour début juillet 2025, lorsque le chef de la police régionale du KwaZulu-Natal, le lieutenant général Nhlanhla Mkhwanazi, a publiquement dénoncé l’existence d’un syndicat du crime infiltrant la police et le système judiciaire.
Son témoignage explosif a révélé que des enquêtes contre des réseaux criminels puissants – mêlant drogue, blanchiment d’argent et assassinats politiques – avaient été sabotées, en partie par ordre du ministre de la Police, Senzo Mchunu. Ce dernier, proche du président Cyril Ramaphosa, a été mis à pied en attendant les conclusions de la commission judiciaire indépendante appelée Commission Madlanga.
Une enquête sous haute pression
Installée à Pretoria et présidée par un ancien juge de la Cour constitutionnelle, la commission s’attaque à la corruption, aux interférences politiques et aux dysfonctionnements au sein de la police et de la justice pénale. Son objectif est de faire la lumière sur l’étendue des collusions entre politiques et criminels au plus haut niveau.
La commission bénéficie d’un budget conséquent et mène depuis septembre une série d’auditions publiques sous haute sécurité. Le témoignage de Mkhwanazi, qui dure plusieurs jours, met en exergue les menaces permanentes visant à neutraliser les enquêtes criminelles et à protéger des intérêts mafieux.
Enjeux pour la démocratie et la sécurité
Cette crise éclaire un problème historique : la lutte contre la criminalité est fragilisée par une culture d’impunité favorisée par la corruption interne. La criminalité en Afrique du Sud est endémique, avec des taux élevés de meurtres, d’enlèvements, et de trafics, particulièrement dans les grandes villes.
Le fonctionnement erratique du système judiciaire affecte le moral des agents intègres et alimente la défiance croissante des citoyens envers les institutions. Ce climat rend difficile la restauration de l’état de droit et nuit aux efforts de développement.
Polémiques et défiance politique
La Commission Madlanga est à la fois saluée comme un pas nécessaire et critiquée pour son rôle purement consultatif. Certains acteurs politiques, notamment dans l’opposition, craignent une mise en scène sans suite véritable, déplorant que les recommandations puissent rester lettre morte faute de volonté politique.
Le ministre Senzo Mchunu, malgré sa mise à pied, rejette avec force les accusations, affirmant que ces révélations relèvent d’un complot visant à déstabiliser le gouvernement de Cyril Ramaphosa.
Espoirs de réforme
Toutefois, plusieurs experts et organisations de la société civile soulignent l’importance de cette enquête pour amorcer une réforme profonde. La transparence des procédures, la mise en œuvre effective des recommandations et la création de mécanismes de surveillance indépendants sont perçues comme essentielles pour restructurer un système en crise.
L’enjeu est de restaurer la confiance publique et de garantir la sécurité des Sud-Africains dans un État de droit renforcé. Les résultats attendus de la commission, dont le rapport final est prévu dans six mois, pourraient marquer un tournant décisif.