L’Afrique centrale, riche en ressources naturelles et dotée d’un potentiel économique considérable, demeure l’une des régions du continent les moins intégrées sur le plan des infrastructures de transport. En 2025, la question de la mobilité régionale est plus cruciale que jamais pour stimuler la croissance, renforcer la résilience face aux chocs climatiques et accélérer la transformation structurelle de la région. Pourtant, le chemin vers une intégration effective reste semé d’embûches : déficit d’investissements, enclavement de nombreux pays, obstacles institutionnels et défis sécuritaires. Analyse des enjeux, des avancées et des perspectives pour une Afrique centrale connectée et compétitive.
Un constat d’enclavement persistant
L’Afrique centrale regroupe des pays comme le Cameroun, le Gabon, le Tchad, la République centrafricaine, la République du Congo, la Guinée équatoriale et la République démocratique du Congo. Malgré leur potentiel, ces États souffrent d’un enclavement marqué : près de la moitié des pays de la région n’ont pas d’accès direct à la mer, ce qui complique les échanges commerciaux et renchérit les coûts logistiques.
Les réseaux routiers et ferroviaires sont souvent vétustes, mal entretenus ou inexistants dans certaines zones rurales. Les infrastructures portuaires et aéroportuaires, bien que modernisées dans quelques grandes villes, peinent à répondre à la demande croissante du commerce régional et international.
Les enjeux de l’intégration régionale
L’intégration des infrastructures de transport est un levier majeur pour la transformation structurelle de l’Afrique centrale. Elle permettrait :
- De fluidifier les échanges commerciaux entre pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC)
- De réduire les coûts de transport pour les entreprises et les agriculteurs
- D’attirer des investissements étrangers dans l’industrie, l’agroalimentaire et les services
- De faciliter la circulation des personnes, des biens et des idées, favorisant ainsi l’innovation et la création d’emplois
L’Union africaine et la CEEAC ont fait de l’intégration régionale une priorité, en lien avec l’Agenda 2063 et les Objectifs de développement durable (ODD)4.
Les obstacles à surmonter
Malgré la volonté politique affichée, plusieurs obstacles freinent la réalisation d’un réseau intégré et performant :
- Déficit de financement : Le besoin d’investissements dans les infrastructures de transport est estimé à plusieurs dizaines de milliards de dollars. Les financements publics sont insuffisants et l’accès aux capitaux privés reste limité.
- Risques sécuritaires : Les conflits armés, la criminalité transfrontalière et l’instabilité politique entravent la construction et la gestion des infrastructures.
- Fragmentation institutionnelle : Les différences de normes, de réglementations et de politiques entre pays ralentissent la mise en œuvre des projets régionaux.
- Défis climatiques : Inondations, glissements de terrain et dégradation des routes dues au changement climatique compliquent la maintenance et la durabilité des infrastructures12.
Initiatives et projets phares
Plusieurs projets structurants sont en cours ou à l’étude :
- Le corridor Douala-N’Djamena, axe vital pour le commerce entre le Cameroun et le Tchad
- La modernisation du port de Pointe-Noire (Congo) et son interconnexion ferroviaire avec l’hinterland
- Le projet de chemin de fer Brazzaville-Kinshasa, qui vise à relier les deux capitales les plus proches du monde
- Le développement de corridors logistiques multimodaux pour faciliter l’exportation des produits agricoles et miniers
Des partenariats public-privé, soutenus par la Banque africaine de développement et d’autres bailleurs, sont essentiels pour accélérer la réalisation de ces projets.
L’innovation au service de la mobilité
L’intégration régionale passe aussi par l’innovation : plateformes numériques de gestion du fret, systèmes de paiement électronique pour les péages, applications mobiles pour le suivi des transports publics. L’émergence de startups dans la logistique et la mobilité urbaine témoigne du potentiel d’un écosystème dynamique, capable de répondre aux besoins locaux tout en s’inspirant des meilleures pratiques mondiales.
Vers une mobilité durable et inclusive
La transition vers des infrastructures vertes et résilientes est désormais une priorité. Les investissements doivent intégrer les enjeux climatiques, en privilégiant les matériaux durables, les énergies renouvelables et la protection de la biodiversité. Les projets doivent aussi veiller à l’inclusion sociale, en facilitant l’accès des populations rurales, des femmes et des jeunes aux opportunités économiques créées par la mobilité accrue25.
Conclusion
L’Afrique centrale est à la croisée des chemins. L’intégration régionale et la modernisation des infrastructures de transport sont des conditions sine qua non pour libérer le potentiel économique, social et environnemental de la région. Les défis sont immenses, mais les opportunités le sont tout autant. Une Afrique centrale connectée, innovante et résiliente pourra jouer un rôle moteur dans la croissance verte et inclusive du continent.