En juin 2025, Abou Dhabi accueille un forum inédit réunissant les représentants de plus de 60 pays du Sud global. Cette rencontre, saluée comme un jalon diplomatique majeur, vise à renforcer la coopération Sud-Sud face aux défis du XXIe siècle : changement climatique, sécurité alimentaire, accès à l’énergie et gouvernance mondiale. Au-delà du symbole, ce sommet révèle une recomposition des alliances et une volonté croissante des pays émergents de peser sur la scène internationale.
Un forum sous le signe de l’émancipation
Depuis plusieurs années, la notion de « Sud global » s’impose dans le langage diplomatique pour désigner les pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et d’Océanie partageant des trajectoires de développement similaires. À Abou Dhabi, les délégations affichent une unité de façade, portée par la conviction que la voix du Sud doit compter face aux grandes puissances traditionnelles.
Les débats, riches et parfois tendus, portent sur la réforme de la gouvernance mondiale, la place des économies émergentes dans les institutions internationales et la nécessité d’un nouvel ordre économique plus juste. Les représentants africains insistent sur l’urgence d’un accès équitable aux financements climatiques, tandis que les pays asiatiques mettent en avant l’innovation technologique et la coopération industrielle.
Coopération économique et solidarité climatique
L’un des points forts du forum est la signature d’accords bilatéraux et multilatéraux sur l’énergie, l’agriculture et la santé. Plusieurs pays africains, dont le Nigeria, l’Égypte et le Kenya, obtiennent des engagements pour le transfert de technologies vertes et le financement de projets d’infrastructures durables. Les États d’Amérique latine, comme le Brésil et l’Argentine, proposent la création d’un fonds commun de stabilisation des prix agricoles.
La question climatique occupe une place centrale. Face à la multiplication des catastrophes naturelles, les pays du Sud réclament une solidarité accrue et la reconnaissance de leur vulnérabilité dans les négociations internationales. Les discussions aboutissent à la création d’un « Pacte d’Abou Dhabi » pour l’adaptation et la résilience, qui doit servir de levier pour mobiliser des financements auprès des bailleurs mondiaux.
Un nouveau rapport de force ?
Si le forum d’Abou Dhabi marque une étape importante, il révèle aussi les limites de l’unité du Sud global. Les intérêts économiques et géopolitiques divergent, notamment sur les questions de gouvernance, de droits humains et de sécurité. Certains pays, comme l’Inde et la Chine, cherchent à imposer leur leadership, tandis que d’autres plaident pour une approche plus collective et inclusive.
La présence d’observateurs européens et américains témoigne de l’attention croissante portée à ces dynamiques. Les grandes puissances traditionnelles, conscientes de l’émergence de nouveaux pôles d’influence, multiplient les gestes d’ouverture, sans pour autant renoncer à leurs intérêts stratégiques.
Conclusion ouverte
Le forum d’Abou Dhabi consacre la montée en puissance du Sud global, mais la route vers une véritable autonomie reste semée d’embûches. L’avenir dépendra de la capacité des pays émergents à surmonter leurs divergences et à proposer une alternative crédible à l’ordre mondial existant. Le « Pacte d’Abou Dhabi » sera-t-il le point de départ d’une nouvelle ère de solidarité internationale ? L’histoire reste à écrire.